Par: Michel LAGACÉ

Pour la deuxième année consécutive, huit organismes patrimoniaux du Manitoba ont réuni plus d’une centaine d’individus pour faire le point sur les défis et les opportunités qui se présentent à eux (1). Il en est ressorti encore une fois de nombreux exemples du fait que les archives constituent une partie essentielle de notre patrimoine.

Ainsi, les participants ont pris connaissance d’une initiative d’anciens pensionnaires de l’école résidentielle Assiniboia qui a fonctionné dans le quartier de River Heights à Winnipeg de 1958 à 1972. Leur initiative qui veut mettre en valeur leur histoire dépend évidemment des archives et des témoignages de ceux et celles qui ont connu cette institution.

C’est en réponse à ce devoir de mémoire que de nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer l’accès aux archives des gouvernements et des communautés religieuses qui ont géré les pensionnats. Cependant, on néglige trop souvent de comprendre qu’avoir accès à des centaines de boîtes d’archives ne constitue pas en soi une réponse à cette demande de transparence. Car ces grandes collections de documents contiennent des informations très variées, allant de l’administration des communautés religieuses à une abondante correspondance qui n’a rien à voir avec les pensionnats.

Pour exploiter les archives, des étapes indispensables doivent être franchies. Il faut d’abord que les documents pertinents soient identifiés, triés, classés et décrits. Il faut ensuite qu’ils soient numérisés pour les rendre accessibles au public. Et seulement après que les archivistes auront complété leur minutieux travail, il faudra que des historiens et des spécialistes, ceux qui ont un savoir acquis pour contextualiser les documents et comprendre les pièges qu’ils présentent, en fassent une analyse attentive. Ils devront ensuite publier leurs conclusions. Il s’agit là d’un travail de longue haleine.

Alors seulement pourrons-nous mieux comprendre l’impact des pensionnats sur les 150 000 personnes qui les ont fréquentés durant le dernier quart du 19e siècle jusqu’en 1996. Et nous pourrons mieux saisir les conséquences des pensionnats pour les familles et les communautés sur lesquelles ils ont été imposés. Les archives seront encore une fois au centre des débats non seulement sur le passé mais, plus important encore, sur l’avenir que nous voulons construire en tant que pays.

Car, en combinant les archives avec les témoignages des survivants, nous pourrons au moins mettre fin au déni, prendre la pleine mesure de notre responsabilité collective et historique de faire disparaître les Premières Nations et passer à l’action en irréfutable connaissance de cause.

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(1) Les huit organismes sont : la Société historique de Saint-Boniface, Association of Manitoba Museums, Association for Manitoba Archives, Manitoba Archaeological Society, Manitoba Genealogical Society, Manitoba Historical Society, Heritage Winnipeg et Jewish Heritage Centre of Western Canada. Voir Manitoba Heritage Summit (mhs.mb.ca)