Par: Michel LAGACÉ

Quand Shelly Glover s’est présentée comme candidate à la chefferie du Parti progressiste- conservateur, elle relevait un défi de taille. Heather Stefanson avait déjà annoncé sa candidature et reçu l’appui de la majorité du caucus de son parti. De plus, le conseil exécutif du parti semblait vouloir décourager une véritable course à la chefferie en annonçant que tout candidat aurait trois semaines pour déclarer sa candidature, remettre un droit d’entrée de 25 000 $ et recruter ou renouveler un minimum de 1 000 membres.

Shelly Glover, tout comme Heather Stefanson, a réussi à rencontrer ces conditions malgré les échéances très serrées. Un troisième candidat, Ken Lee, semble lui aussi y être parvenu. Mais pour des raisons jamais expliquées, le comité exécutif l’a écarté de la course. On sait qu’il s’opposait publiquement aux mandats de vaccination et on spécule qu’il a recruté beaucoup de nouveaux membres qui partagent son opinion.

Durant leurs campagnes électorales, les deux candidates se sont fait compétition pour attirer le soutien de l’aile droitière du parti que Ken Lee a mobilisée. Shelly Glover s’est publiquement opposée aux mandats de vaccination pour les travailleurs de santé et a remis en question les politiques de preuve de vaccination pour entrer dans les lieux publics. Pour sa part, Heather Stefanson a adopté une position ambiguë contre ce qu’elle appelle la « vaccination obligatoire ».

Ce faisant, les deux candidates mettent leur parti à la merci d’activistes qui s’opposent à la vaccination sous prétexte qu’il s’agit d’une atteinte à la liberté individuelle. Une prétention que le juge en chef de la Cour du Banc de la Reine, Glenn Joyal, a rejetée catégoriquement et rationnellement dans un jugement très approfondi la semaine dernière. En courtisant ouvertement les anti-vaccins, elles font preuve d’un manque de courage et de principe. Et en semant le doute sur les mesures sanitaires, elles vont à l’encontre de l’opinion largement majoritaire d’une population dont plus de 80 % a choisi d’être vaccinée.

De ce fait, la première tâche de la prochaine chef du parti sera de revenir sur ses positions opportunistes. Shelly Glover et Heather Stefanson ne pourraient pas espérer remporter les élections générales d’ici deux ans si elles continuent à courtiser les opposants de mesures sanitaires que la majorité des Manitobains appuient.

Heather Stefanson devra en plus se distancer de son ancien chef, Brian Pallister, et expliquer pourquoi elle a été invisible durant son mandat comme ministre de la Santé, alors que le Manitoba a connu les pires jours de la pandémie.

L’intérêt public et le simple bon sens exigent que la future première ministre appuie les mesures sanitaires qui s’imposent pour mettre fin le plus tôt possible à une pandémie qui menace la santé et le bien-être économique et social des Manitobains.