FRANCOPRESSE – En plus d’annoncer, à nouveau, la modernisation de la Loi sur les langues officielles, la gouverneure générale a établi les priorités du gouvernement dans le discours du Trône qui a ouvert la 44e législature, le 23 novembre. Le gouvernement mettra notamment l’accent sur la relance postpandémique, la lutte aux changements climatiques et la réconciliation avec les peuples autochtones. 

Inès Lombardo – Francopresse

Mélanie Tremblay – Francopresse

« La priorité absolue demeure le contrôle de la pandémie. Pour cela, la vaccination est le meilleur outil », souligne d’emblée Mary May Simon dans le discours du Trône, qui présente les priorités du prochain gouvernement.

Au niveau de la relance économique, le gouvernement prévoit de prolonger certaines mesures d’aide et d’ajouter des mesures pour les secteurs encore touchés par la pandémie.

Sur le plan économique, le gouvernement s’adresse surtout aux familles en réitérant son engagement d’offrir un système national de garderies à 10 $ ainsi qu’en établissant des priorités pour lutter contre la hausse du cout de la vie.

Il établit à cet effet deux priorités, soit l’accès au logement abordable en collaboration avec les municipalités et l’accès à la première propriété en créant un « programme de location avec option d’achat ».

L’Opposition insatisfaite

« Les étudiants des collèges ou des universités renoncent de plus en plus à l’idée de s’acheter une maison. Les travailleurs ont de la difficulté à faire le plein d’essence […] Tous les mois, à travers le pays, les files s’allongent devant les banques alimentaires. Les réalités que vivent les familles canadiennes ont l’air d’être largement ignorées des libéraux », a fustigé Erin O’Toole, chef du Parti conservateur.

« Rien dans le discours du Trône ne règle l’inflation, le cout de la vie, la crise d’unité nationale. Il n’y a aucun plan pour faire en sorte que les gens travaillent », a-t-il insisté en présentant son parti comme la voix des Canadiens en matière d’économie.

Même son de cloche du côté du chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh : « On dirait que le gouvernement s’essouffle. Il ne répond pas à l’urgence et aux problèmes que les gens traversent en ce moment. »

Une Loi sur les langues officielles modernisée

Le discours, intitulé Bâtir une économie résiliente : un avenir plus propre et plus sain pour nos enfants, a été présenté en anglais, en français et en inuktitut, une première dans l’histoire du pays.

Alors que le français a occupé peu de place dans l’annonce des priorités du gouvernement, la gouverneure générale a lu plus du deux tiers des quatre pages de sa présentation d’ouverture en français.

Tout comme dans le discours du Trône de 2020, le gouvernement s’engage à moderniser la Loi sur les langues officielles.

« Le gouvernement redéposera sa proposition de Loi visant l’égalité réelle du français et de l’anglais et le renforcement de la Loi sur les langues officielles », a assuré la gouverneure générale.

Le discours souligne également l’importance d’appuyer les communautés de langues officielles en situation minoritaire ainsi que de protéger et de promouvoir le français au Québec comme à l’extérieur de la province.

Pour le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, la « Loi sur les Langues officielles du Canada devrait s’attarder à protéger le français à l’extérieur du Québec, puisque le français à l’intérieur du Québec pourrait et devrait n’être protégé que par l’intervention de l’Assemblée nationale qui, à la fois, a une meilleure volonté, une meilleure vision et une meilleure légitimité en la matière ».

Le chef conservateur a quant à lui rappelé que le dossier des langues officielles était « une priorité, mais les libéraux ne font rien depuis six ans ».

Le projet de modernisation de la Loi sur les langues officielles, déposé quelques jours avant la fin des travaux parlementaires en juin dernier, est mort au feuilleton au moment du déclenchement des élections en aout.

À la sortie d’une rencontre du Cabinet, mardi, la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a réitéré qu’elle travaillait « d’arrachepied » pour redéposer le projet de loi C-32 « d’ici 100 jours ».

Environnement

La question de l’environnement et de la lutte aux changements climatiques occupe une place importante dans le discours du Trône.

Le gouvernement veut miser sur une augmentation du prix de la pollution en investissant « dans les transports en commun et [en rendant] obligatoire la vente de véhicules zéro émission ».

L’accent est aussi mis sur l’importance de « plafonner et réduire les émissions des secteurs pétrolier et gazier, et aller plus vite vers une électricité complètement carboneutre. »

Pour le chef du Bloc québécois, «il ne faut pas que plafonner les émissions du secteur pétrolier, mais bien plafonner la production, parce qu’ultimement, il n’y aura pas de réduction des émissions si on augmente la production ». Il souhaite au nouveau ministre de l’Environnement, Steven Guilbault, de ne pas tomber dans ce piège.

Le chef néodémocrate, Jagmeet Sing, a de son côté déploré le fait que le discours du Trône ne réponde pas à la crise climatique « avec des premiers pas faciles à faire ».

Des « actions concrètes » pour la réconciliation

Le discours du Trône accorde une place continue à la réconciliation.

La gouverneure générale a d’ailleurs réclamé des gestes concrets envers la réconciliation dans son message d’ouverture : « Nous devons transformer la culpabilité qui nous accable en actions concrètes », a-t-elle indiqué.

Ces actions se présentent, entre autres, par des engagements vers l’élimination des « avis à long terme sur la qualité de l’eau potable », par la consultation des communautés autochtones dans les projets de relance économique et par la création d’un « monument national à la mémoire des survivants [des pensionnats autochtones] et en nommant un interlocuteur spécial chargé de faire avancer la justice concernant les pensionnats autochtones ».