Par: Michel LAGACÉ

Le monde a connu un exceptionnel bouleversement depuis le 11 mars 2020 lorsque l’Organisation mondiale de la santé a qualifié de pandémie la COVID-19. Pour limiter le nombre de morts, nous avons accepté des restrictions de libertés civiles. La science a relevé le défi et, face au danger, l’État a trouvé toute sa raison d’être.

Malgré tous les efforts, le virus a fait ressortir les faiblesses de certaines de nos institutions. Les foyers de longue durée, par exemple, ont connu des taux de contagion et de décès excessifs. Dans les hôpitaux, il a fallu des efforts quasi héroïques de la part des travailleurs de la santé pour répondre à la demande de soins. Et pourtant au Manitoba le montant de diagnostics et de chirurgies en attente a augmenté à plus de 161 000 cas.

Dès le début de la pandémie, nous avons appris que le travail de personnes qui ne peuvent pas rester à la maison durant le confinement général est essentiel au bon fonctionnement de notre société. Et la grande majorité de la population a accepté des mesures sanitaires pour se protéger contre un virus de plus en plus contagieux du fait de ses mutations.

En parallèle, nous avons aussi dû constater une politisation de la lutte à la pandémie et la capacité des réseaux sociaux de propager des faussetés sur la COVID et les vaccins. Au Manitoba, comme dans bien d’autres endroits, le politique l’a finalement emporté sur le scientifique et la Première ministre du Manitoba, Heather Stefanson, a décidé de la fin des mesures sanitaires pour des raisons foncièrement politiques.

Il reste que, si les mesures sanitaires disparaissent, le virus lui reste actif. Il nous faut donc nous aussi décider si nous allons continuer à faire ce qui est nécessaire – même si c’est impopulaire – ou si nous voulons succomber à la fatigue parce que nous en avons marre.

Car l’Organisation mondiale de la santé rappelait la semaine dernière que le variant Omicron continue sa poussée dans certaines parties de l’Asie de l’Est et du Sud-Est, où le nombre de cas augmente et certains pays subissent leurs pires vagues de la pandémie.

Hong Kong, par exemple, connaît aujourd’hui sa cinquième et plus importante vague. L’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume Uni, entre autres, viennent de connaître une recrudescence de cas.

À ce stade de la pandémie, nous avons particulièrement à nous préoccuper de ses effets sur la santé mentale de la population, et des séquelles de la COVID longue, une maladie nouvelle qui n’est pas encore bien comprise, mais qui peut être invalidante pendant longtemps.

Somme toute, d’un point de vue social, nous avons pu mieux apprécier notre interdépendance, mais nous devons bien reconnaître que notre solidarité initiale s’est fragilisée. Notre plus grand défi sera de renouveler ce sens de solidarité pour faire face à une menace persistante. Ce tour de force collectif serait le plus sûr garant de succès dans notre lutte apparemment interminable contre un virus qui n’a pas fini de chambarder nos vies.