Par:Michel LAGACÉ

Nous sommes habitués depuis longtemps à constater un écart entre le discours et les actions des élus de tous bords : promesses oubliées, manque de transparence et attaques exagérées font partie du quotidien politique.

Au Manitoba, l’exemple le plus récent vient d’apparaître sous la forme d’une campagne de publicité de 245 142 $ montée par le gouvernement provincial pour vanter les mérites de son dernier budget. « Le budget de 2022 : rendre le coût de la vie plus abordable », proclame sans gêne une annonce qui oublie de mentionner que le gouvernement prévoit un déficit de 548 millions $ et qu’il emprunte 350 millions $ cette année et 453 millions $ l’an prochain pour réduire l’impôt sur les propriétés résidentielles et agricoles.

Ce coup de propagande payé par les contribuables dépasse les limites acceptables du jeu politique quand une publicité affirme que « Le budget 2022 élimine l’arriéré chirurgical et diagnostique. »

Or Doctors Manitoba qui représente plus de 4 000 médecins et étudiants en médecine vient d’annoncer que l’arriéré de chirurgies et de diagnostics a en fait augmenté de 1 311 depuis le mois dernier pour atteindre 169 198. D’ailleurs la Province est tellement avare de précisions que l’organisation a même déposé une demande d’accès à l’information pour obtenir plus de renseignements.

Pire encore, le groupe de travail chargé de réduire les temps d’attente pour les chirurgies et les tests diagnostiques lui aussi limite l’information qu’il rend publique. Le comble, c’est que l’impact de la pandémie se fait sentir jusqu’à la faculté de médecine de l’Université du Manitoba. Trois des 46 programmes évalués au nom du Collège royal des médecins et chirurgiens, soit la neurologie, la médecine interne de base, et l’obstétrique et la gynécologie, ont été jugés inadéquats parce que les internes en médecine sont trop souvent affectés au soin des malades.

Le décalage entre le discours et l’action de ce gouvernement se manifeste aussi dans ses relations avec les peuples autochtones. Dans le discours du Trône livré en novembre dernier, le gouvernement de Heather Stefanson avait proclamé « sa détermination à collaborer avec les peuples autochtones pour promouvoir la vérité et la réconciliation. »Or le vérificateur général vient de dénoncer le gouvernement qui, malgré l’adoption de la Loi sur la réconciliation en 2016, n’a élaboré aucune stratégie visant la réconciliation.

Avec une pareille conception de la politique, pas surprenant qu’à la fin mars un sondage de Probe Research indiquait que l’écart entre les néo-démocrates et les progressistes conservateurs continuait de se creuser tant à Winnipeg (52 % vs 23 %) que dans le reste de la province (44 % vs 34 %). Il semblerait bien que plus de Manitobains en ont marre de voir le gouvernement cacher des informations qui devraient être accessibles. Mais surtout, les tentatives de nous enfumer à même des publicités payées par les contribuables ne font que souligner le fossé grandissant entre les paroles et les actions de ce gouvernement.