Notre-Dame-de-Lourdes accueille depuis le 24 mai 2022, « Un an, un héritage durable », petite exposition consacrée aux premiers pas d’enseignante de Gabrielle Roy à Cardinal. Une période méconnue, remise au goût du jour par un groupe de passionnés.

Par Matthieu Cazalets

Scotti Stephen et Guy Vuignier sont tous les deux membres de la Société historique de Lourdes. Ils ont décidé de réhabiliter une période de la vie de Gabrielle Roy dans une petite présentation dévoilée au Musée des Pionniers et des Chanoinesses de Notre-Dame-de-Lourdes.

Un projet glissé à l’oreille du duo il y a un temps déjà : « Il y a quelques années, d’anciens résidents de Notre-Dame-de-Lourdes qui sont allés à l’école à Cardinal nous ont approchés. Ils nous ont suggéré de jeter un coup d’oeil pour créer une exposition sur Gabrielle Roy et sa première année d’enseignante à Cardinal. On a réalisé que c’était peu connu. »

Il faut remonter à l’année 1929, lorsque Gabrielle Roy, jeune diplômée, enseigna un an à l’école St-louis « A », dans le village de Cardinal, à deux pas de Notre-dame-de-lourdes. Elle le raconte dans un livre, Ces enfants de ma vie, publiée en 1977.

Une époque méconnue

Toutes ces informations suffisent à éveiller la curiosité du couple, et c’est le début d’intenses recherches, menées par la volonté de projeter la lumière sur cette période assez méconnue. Scotti Stephen raconte cette histoire : « Gabrielle Roy a été diplômée de l’école normale supérieure de Winnipeg en 1929, et elle a fait des remplacements à Marchand pendant trois mois. C’est après ça qu’elle a eu un contrat d’un an à Cardinal. Pourtant, quand vous lisez sur Gabrielle et que vous entendez parler de ces années, avant qu’elle soit à temps plein à l’école Provencher, vous n’entendez pas beaucoup parler de Cardinal. »

Cette époque fut pourtant un instant primordial dans le parcours de l’auteure : « Une des références qu’on fait dans cet affichage, c’est que dès qu’elle écrit sur les écoles, elle revient toujours sur son expérience à Cardinal. Nous ne réinventons pas l’histoire, nous voulons que les gens sachent qu’elle a enseigné ici ». Guy Vuignier ajoute : « Cela l’a beaucoup influencé, pour son futur. »

Il cite en exemple l’entraide chez les élèves de l’école St-louis « A » et les résidents malgré leurs origines différentes. Cela a marqué Gabrielle Roy :

« Dans la classe il y avait des descendants de Français, de Suisses, d’allemands, d’italiens, de Flamands. Tous sous un seul toit. Ici, dans le Manitoba rural, on devait aider les voisins, qui étaient souvent des fermiers, aider les autres pour survivre. Elle n’avait pas besoin d’aller en Europe pour trouver ce microcosme, c’était ici. Elle aimait beaucoup ça. Plus tard, quand elle parlait aux gens en ville, il y avait plusieurs groupes, mais ils ne se mélangeaient pas, ils restaient entre eux. »

Des informations précieuses

Pour rendre ce projet possible, les deux passionnés d’histoire décident de combiner le plus de sources et d’informations possibles, grâce aux réserves de plusieurs organismes : « On a scanné les archives de la Société historique de Saint-Boniface. Nous avons lu des livres, pris des notes qui étaient reliées à ses années à Cardinal. Nous avons aussi reçu des archives du gouvernement provincial, comme entre autres, les registres scolaires, les résultats d’examens. »

Mais pas question pour eux de naviguer seuls, et surtout pas sans l’autorisation des personnes chargées de préserver la mémoire de Gabrielle Roy pour Scotti Stephen : « Quand j’ai fait mes recherches, je n’étais pas très sûre de comment mettre en place l’exposition sans violer les droits d’auteurs. »

C’est François Ricard, directeur du Fonds Gabrielle-Roy qui a répondu à cette interrogation. Il nous a quitté le 17 février 2022. Les deux créateurs de l’exposition ont une pensée émue pour lui : « On a contacté le Fonds Gabrielle Roy à Montréal et j’ai parlé avec François Ricard, le directeur. Il a écrit la biographie de Gabrielle Roy et il la connaissait. Il a dit qu’il n’y avait aucun problème à utiliser ces archives et qu’il espérait venir voir le résultat. Malheureusement, quand j’ai appelé pour en reparler avec lui, j’ai appris qu’il était parti. » Scotti Stephen est tout de même soulagé qu’il ait pu avoir un aperçu du travail : « J’ai quand même pu lui envoyer une photo de l’affichage, quand je lui ai fait un petit rapport en novembre dernier. »

Son mari et elle tiennent à remercier Francofonds et Normand Boisvert, qui, le premier, a suggéré ce projet et l’a soutenu tout du long. Ils espèrent attirer un public en mai prochain, dans un projet destiné aux connaisseurs de Notre-dame-de-lourdes, mais aussi à ceux qui ont un intérêt pour l’héritage de Gabrielle Roy : « Il y a plusieurs personnes originaires de Notre-Dame-de-Lourdes qui vivent à Winnipeg et qui seraient intéressées par cela. Aussi, il pourrait y avoir des gens de Winnipeg ou de Saint-Boniface qui pourraient être intéressés de voir cette exposition et apprendre un peu plus de Gabrielle Roy. »