Par:Michel LAGACÉ
La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, vient d’entreprendre une tournée pancanadienne de consultations dans le but de renouveler le Plan d’action pour les langues officielles élaboré pour la période 2018 – 2023. Il s’agit là d’une occasion pour les francophones à l’extérieur du Québec de faire le point sur leur situation et de s’entendre sur le sens de direction qu’ils veulent se donner.
Le ministère cherche à préciser les actions que le gouvernement devrait prioriser dans des secteurs clés tels l’éducation, la justice et l’immigration. Dans ses documents, il mentionne dûment les arts et la culture, mais il ignore le patrimoine. Pourtant, ce témoin du passé est la source première d’inspiration des autres secteurs clés. Il peut agir comme une conscience collective; il peut forger notre identité culturelle, il devrait nourrir l’imaginaire et il peut permettre à une collectivité de s’inspirer de son passé pour concevoir son avenir.
C’est pourquoi le patrimoine doit être un élément déterminant pour l’avenir de la francophonie au Canada. C’est pourquoi il est inadmissible de le traiter comme le parent pauvre dans le réseau d’institutions qui desservent les francophones à l’extérieur du Québec. À travers le pays, il existe des musées et des centres d’archives provinciaux et locaux qui, tant bien que mal, tentent d’entretenir la mémoire collective de la francophonie. Ils ont besoin de ressources importantes pour faire vivre le passé, éclairer le présent et inspirer l’avenir que nous voulons construire.
C’est pourquoi, en préparant son plan d’action, la ministre et le gouvernement fédéral seraient bien avisés de reconnaître le rôle clé du patrimoine, car c’est lui qui peut expliquer comment et pourquoi la francophonie existe toujours à l’extérieur du Québec, et quelles sont les forces qui nourrissent encore aujourd’hui sa vitalité et sa volonté de s’épanouir.
De plus, à l’heure où le gouvernement fédéral priorise la vérité et la réconciliation avec les peuples autochtones, il faudrait rappeler que c’est le secteur patrimonial qui recèle une partie importante de la vérité, la première étape vers la réconciliation. Il suffit de penser aux archives des communautés religieuses qui ont œuvré dans les écoles résidentielles pour reconnaître l’importance de l’immense travail qu’il y a à faire pour repérer les documents, les traiter et les rendre accessibles au grand public.
Ces archives, essentielles à la connaissance de la vérité, peuvent nous aider à saisir la réalité de notre passé à condition qu’on y consacre les ressources nécessaires à la recherche. Car c’est seulement à l’aide de recherches approfondies que les archives pourront nous guider vers la réconciliation.
Il en est de même pour le patrimoine des collectivités francophones à l’extérieur du Québec. Sans le financement adéquat pour la recherche, les archives sont inertes et ne nous parlent pas assez. Il faudra vraiment un effort soutenu pour réaliser les recherches qui nous serviront à concevoir l’avenir que nous voulons bâtir.