Du 4 au 6 juin s’est déroulé l’évènement Étonnants Voyageurs à Saint-Malo en France, un festival international du livre et du film. Lors de cette édition, la littérature et l’histoire manitobaine et canadienne ont été représentées par l’auteure métisse de la Rivière Rouge, Katherena Vermette.

Par Jonathan SEMAH

Avec des informations de Matthieu CAZALETS

Si régulièrement les auteurs manitobains s’exportent à travers le pays, Katherena Vermette, elle, a carrément traversé l’océan Atlantique pour rejoindre la France et présenter son travail. L’auteure multidisciplinaire a grandement apprécié son passage en France même si avant d’y être, elle ne connaissait pas grand-chose de ce festival. « Le festival s’est très bien passé. Je ne connaissais pas Étonnants Voyageurs. Mais venant du Manitoba et étant Métisse, j’ai été immédiatement curieuse d’aller à un autre festival appelé lui aussi “voyageur”, dans un autre endroit appelé Saint-Malo. J’adore aller dans des festivals internationaux. Je suis prête à aller à peu près n’importe où. Voyager est un tel privilège », explique Katherena Vermette.

Un privilège également partagé par Valentin Cueff qui travaille à la programmation et la communication du festival. Il revient sur ce qu’est ce festival qui célèbre cette année ses 32 ans d’existence. « Le festival est né en 1990 sous l’initiative de Michel Le Bris, qui est un écrivain lui-même. Il a voulu faire un évènement littéraire dans lequel on réunirait des écrivains du monde entier pour discuter de sujets d’actualité de manière un peu différente que des simples conférences ou rendez-vous littéraires de signatures. Il avait vraiment l’idée que la littérature avait quelque chose à apporter de plus que l’actualité, que les écrivains portaient un regard précis particulier et saisissaient des choses que les journalistes ne voyaient pas. »

Et en invitant Katherena Vermette, Valentin Cueff avait l’idée de mettre en avant une vraie réalité de l’actualité canadienne : l’identité autochtone. En effet, le livre pour lequel l’auteure manitobaine a été invitée est Les femmes du North End, publié originellement en 2016 sous le nom The Break. Ce livre fait le récit d’un drame qui a lieu dans ce quartier défavorisé de Winnipeg, à travers notamment les yeux d’une jeune mère métisse. « À ma connaissance, c’est peut-être la première fois que la thématique de l’identité autochtone a été amenée sur la table. Quand j’en ai parlé avec la directrice du festival, elle n’avait pas l’air de connaître ces histoires-là. C’était important d’avoir une bonne discussion sur ce que ça représentent d’être Métis ou Autochtone au Canada aujourd’hui », justifie Valentin Cueff.

| Toucher un nouveau public

Du côté de Katherena Vermette, c’est un plaisir de voir que son livre, qui a six ans maintenant, vit une seconde vie en France. En effet, il a été à nouveau traduit en mars 2022 et publié par Albin Michel, une célèbre maison d’édition française. « Je suis toujours surprise de voir comment le livre se traduit dans d’autres cultures et d’autres pays. À l’extérieur, chaque pays est différent de ce qu’il est à l’intérieur, et chaque communauté a ses propres réalités. Le livre, certes, traite de réalités canadiennes, mais aussi de la famille, et la famille est un sujet auquel la plupart des gens s’identifient. »

Plus généralement, Valentin Cueff, qui a résidé quelques années à Winnipeg, remarque une certaine méconnaissance des Français sur l’actualité canadienne. Il espère qu’avec ce genre de livre, traduit pour le public français, plus de monde aura de l’intérêt pour ces questions. « Depuis l’an passé, et la découverte de restes de centaines d’enfants enterrés sur le site d’un ancien pensionnat autochtone à Kamloops, en Colombie-Britannique, cela a soulevé un sujet sur l’histoire du Canada. En France, les gens ne connaissent que très peu ou pas du tout cette histoire. Peut- être que cette actualité renverse un peu les imaginaires qu’on a du Canada. En tout cas, c’est super important pour nous d’en parler. »