Après la réduction des heures d’opération de la salle d’urgence de l’Hôpital Sainte-Anne en mai, c’est au tour de la salle d’urgence du Centre de santé Notre-Dame Health Centre de modifier ses horaires d’ouverture pour faire face à la pénurie de personnel.
Par Ophélie DOIREAU
INITIATIVE DE JOURNALISME LOCAL – La Liberté
La situation du Centre de santé Notre-Dame Health Centre est particulière puisque depuis plus d’une vingtaine d’années, une alternance de la salle d’urgences avait lieu entre le Treherne – Tiger Hills Health Centre et le Centre de santé Notre- Dame Health Centre comme le rappelle Denis Fortier, médecin en chef pour la région de Santé Sud.
« Depuis plus de 20 ans, le système de garde des services d’urgence est un système partagé entre Notre-Dame- de-Lourdes et Treherne, qui se trouve dans la région Prairies Mountain Health.
« Ce système voulait dire que 50 % du temps, c’était Centre de santé Notre-Dame Health Centre qui était de garde et l’autre 50 % du temps, c’était le Treherne – Tiger Hills Health Centre. Quand l’un était ouvert, l’autre était fermé au niveau de la salle d’urgences. »
Un arrangement qui pouvait déjà poser problème puisque les résidents de Treherne devaient se rendre à Notre- Dame-de-Lourdes qui se trouve à une vingtaine de kms et vice-versa. La pénurie de main d’œuvre a accéléré la fermeture de l’hôpital de Treherne.
« Depuis l’été passé, il y avait un manque de personnel surtout au niveau des infirmières. Le problème c’est aggravé à Noël et il était difficile de garder la salle d’urgences ouverte. La région de Prairie Mountain Health a pris la décision de fermer l’hôpital. C’est temporaire, du moins pour l’été. On espère pouvoir retrouver des infirmières. »
| Une restructuration à Notre-Dame
Cette fermeture a donc eu un impact sur le Centre de santé Notre-Dame Health Centre comme l’explique Dr Denis Fortier.
« Avant, les infirmières et les médecins savaient que leurs horaires étaient faits en fonction de cette garde partagée. Mais là, toute la responsabilité tombe sur l’hôpital de Notre-Dame-de-Lourdes, la région de Santé Sud a dû penser à une restructuration.
«On offre donc 12h d’ouverture de 8 h à 20 h. On essaye de choisir les 12 h de la journée qui sont les plus occupées de la journée. On espère être capable de soutenir un service de garde de salle d’urgences tous les jours durant l’été. »
Les hôpitaux les plus proches avec une salle d’urgences ouverte 24 h/24 sont le Boundary Trails Health Centre situé à environ 77 kms et le Portage District General Hospital situé à environ 70 kms.
La question du personnel est toujours présente. « En ce moment, il faut compter entre six à huit médecins pour que ça soit réalisable et c’est ce qu’on a.
« Le problème se trouve principalement au niveau des infirmières. C’est un petit hôpital, il y a seulement deux infirmières. Si ce changement de structure est permanent, il faudrait peut-être le double. »
Cette pénurie de personnel médical est généralisée partout au pays et plus particulièrement au rural. Dr Denis Fortier insiste sur les singularités de travailler au rural. « Un médecin au rural ne travaille pas 40 h par semaine c’est beaucoup plus. En plus des consultations classiques, le médecin va devoir aussi travailler dans la salle d’urgences après sa journée. »
Une pénurie qui pourrait être en partie allégée par l’embauche de professionels de santé étrangers. Mais au Manitoba, lorsqu’un médecin de l’étranger ou un.e infirmier/ infirmière de l’étranger veut travailler, la personne doit passer par son Collège pour faire reconnaître ses diplômes et pouvoir travailler dans son domaine. Des restrictions qui peuvent décourager certains. Dr Denis Fortier pense qu’il est temps d’envisager quelque chose de nouveau.
« Chaque profession a un niveau de compétences requises. Je sais que le Collège des médecins a fait du travail pour savoir comment accepter les médecins de l’étranger. Je ne sais pas si le Collège des infirmières en a fait autant. Néanmoins, je pense qu’on doit commencer à être innovateur dans notre approche avec des travailleurs de l’étranger. »
Sollicité par La Liberté, le ministère de la Santé du Manitoba n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.