Fin mai 2022, une nouvelle personne a rejoint l’équipe du Musée de Saint-Boniface. Loïk Raymond est le nouveau coordonnateur de la sensibilisation et l’expérience muséale. Un titre plutôt énigmatique qui cache en fait plusieurs fonctions. 

Par Jonathan SEMAH

C’est une nouvelle tête qui a fait son apparition dans les couloirs du Musée de Saint- Boniface. Loïk Raymond vient de Sept-Îles au Québec. Âgé de 26 ans, il explique comment il est arrivé à Winnipeg. « J’ai emménagé ici l’an passé. Ça s’est vraiment fait sur coup de tête! Je ne voulais plus du Québec, pas l’Ontario, j’ai donc choisi la province encore à côté. J’aime bien la ville, je pense que j’ai fait un bon choix. » 

Avec un baccalauréat en arts et passé par le Musée des beaux-arts de Winnipeg, Loïk Raymond n’avait pourtant pas une grande connaissance du Musée de Saint-Boniface. « Pour être honnête, je ne connaissais pas ce musée avant d’appliquer pour l’emploi. Puis j’ai vu Saint-Boniface sur l’offre d’emploi et ça m’a rappelé mes parents qui m’ont toujours parlé de la communauté francophone à Winnipeg, mais je n’avais jamais vraiment fait de recherches par moi-même. Et j’ai appliqué, je me suis dit que c’est un poste qui me correspondait. » 

Alors, justement, quel est le poste de Loïk Raymond? Que fait un coordonnateur de la sensibilisation et l’expérience muséale? 

« Je suis la personne qui lie la communauté de Winnipeg, ou même ailleurs hors des frontières canadiennes, au musée. Je suis le middle man. Dans le fond, ma job, c’est de travailler avec le public, faire et organiser les tournées. Mais je ne suis pas guide, je ne fais pas les visites. J’aide aussi les gens qui veulent louer des salles pour des mariages ou du business. » 

Anglophones, francophones, élèves de la Division scolaire franco-manitobaine ou des jeunes de l’immersion, le panel de clients qui a besoin des conseils de Loïk Raymond est très large. 

Dans les écoles, notamment, le programme ne couvre pas la totalité de l’histoire manitobaine et le musée agit comme un complément de ce que les élèves apprennent en classe. 

« Le Musée de Saint-Boniface est un bon point d’entrée dans l’histoire de la communauté, car déjà il s’agit de l’un des édifices les plus vieux de ce quartier. Beaucoup de choses ont commencé à Saint-Boniface. On fait aussi des tournées dans des cimetières ou des tournées à propos des Métis en expliquant leur contribution au Manitoba. » 

| Une identité qui s’affirme 

En venant de Sept-Îles et éduqué au Québec, Loïk Raymond n’avait pas une maîtrise parfaite de l’histoire manitobaine. Depuis qu’il a su qu’il avait le poste, il a beaucoup révisé l’histoire et continue d’apprendre. 

« Plus jeune, on n’apprend pas l’histoire hors Québec. Beaucoup de monde au Québec ne sait pas qu’il y a des communautés francophones hors Québec. Par exemple, Louis Riel, j’ai quasiment tout appris sur lui depuis que je travaille avec le matériel que j’ai sur les Métis. Une des sections que j’aime le plus également au musée, c’est tout ce qui touche aux Soeurs Grises. C’est fascinant. » 

À titre plus personnel, Loïk Raymond s’est présenté sur les médias sociaux du Musée de Saint-Boniface comme Innu, ses pronoms sont il/lui et il est bispirituel. Une identité que voulait absolument revendiquer Loïk Raymond. 

« Pour moi, c’est important, ça fait partie de qui je suis. Pendant longtemps aussi, j’ai vu peu de monde avec un rôle important et être bispirituel ou autre. Être autochtone et le dire, c’est aussi montrer aux jeunes notamment que c’est possible et qu’on peut faire ce qu’on veut. J’en suis la preuve, je viens d’une petite ville, je suis rendu à Winnipeg et j’occupe un poste important. Il n’y a pas si longtemps, je n’aurais pas été capable d’afficher ça sur les médias sociaux, donc j’en suis très fier. Et j’aime me montrer le plus authentique possible. » 

Découvrez le portrait de Loïk Raymond en vidéo juste ici : https://www.youtube.com/watch?v=zn5eGhl2AAM