Comme d’autres composants de la société, les entreprises ont un rôle à jouer dans la protection de l’environnement. Petites ou grandes compagnies ont un impact. C’est dans cet esprit que Derek Earl a créé BizforClimate, une initiative pour encourager l’action et proposer des solutions applicables à l’ensemble de l’économie.
Par Jonathan SEMAH
À date, et en deux ans d’existence, c’est 142 entreprises, en grande majorité manitobaines, qui ont rejoint le projet BizforClimate. Un chiffre satisfaisant pour Derek Earl qui rappelle le concept de son initiative. « BizforClimate est un organisme à but non lucratif fondé par plu-sieurs chefs d’entreprises (1). On a remarqué le besoin et l’envie des entrepreneurs de s’impliquer pour plus de défense et d’action politique pour l’environnement.
« Le constat est qu’il y a de plus en plus de discours dans le monde des affaires qui portent sur le développement durable. Mais ce qu’il manquait c’était de savoir comment ces entreprises pouvaient influer sur le domaine politique pour créer un changement en profondeur et avoir une réelle action collective », explique le fondateur, président du CA et qui agit en tant que bénévole.
L’organisme de Derek Earl se comporte donc comme un pont entre les différents acteurs. Pour lui, la communication est essentielle et les retours reçus jusque-là sont très favorables. « Ce n’est qu’un début. Nous sommes encore dans une phase d’installation de cet organisme. Nous parlons aux groupes environnementaux, aux associations d’affaires, aux chambres de commerce pour bien présenter le concept et à ce jour, nous avons des retours très positifs. »
Côté financement, BizforClimate n’est pas subventionné par le gouvernement et ne cherche pas de financement gouvernemental. C’est une initiative du secteur privé qui fonctionne avec des dons et des commanditaires.
| S’engager
Concrètement, pour une entreprise, que se passe-t-il quand elle décide de rejoindre le projet BizforClimate? En s’engageant, un chef d’entreprise signe le Climate Action Pledge. Un engagement basé sur la confiance entre l’organisme et l’entreprise. Derek Earl en détaille les contours. « C’est l’action principale, c’est le coeur de notre stratégie. Les entreprises qui signent le Pledge déclarent leur appui pour l’action contre le changement climatique.
« Le Pledge explique aussi qu’on croit fortement que la meilleure stratégie sur le plan économique maintenant, c’est d’aller à 100 % vers des actions pour lutter contre les effets du changement climatique. Pour y parvenir, on a besoin des responsables politiques pour guider cette transition exigée par la science. »
Derek Earl et les membres de son équipe ont d’ailleurs initié ces six derniers mois des discussions avec les différents partis politiques provinciaux. Tous sont ouverts à la discussion. « On a discuté avec le gouvernement provincial en place, mais aussi tous les autres partis politiques. Nous nous sommes présentés et nous avons expliqué notre projet. Les dialogues étaient très positifs surtout en voyant la centaine d’entreprises qui nous suivaient déjà. Sans considération partisane, nous voulons créer des occasions de discussions entre nos membres et les décideurs politiques. »
À noter que le Pledge, une fois signé par une entreprise, n’entraîne aucune obligation pour cette dernière. BizforClimate n’a pas le pouvoir de vérifier ce que fait une entreprise ou non. « C’est vrai que nous ne jouons pas le rôle de vérificateur des actions d’une entreprise. Malgré tout, en signant, l’entreprise approuve le message. On fait quand même un suivi, on donne des conseils, on partage des ressources et l’on veut être un facilitateur pour proposer des actions et sensibiliser.
| Les entreprises jouent le jeu
Dans ses rangs, BizforClimate compte une liste très diverse d’entreprises. Que ce soit en taille ou en types d’entrepreneuriats. Parmi elles, on y retrouve la compagnie de technologie Avenir IT, fondée et dirigée par Mathieu Manaigre, et qui compte une vingtaine d’employés. Il explique pourquoi il a rejoint l’organisme de Derek Earl. « Nous avons suivi ce projet, car en tant qu’entrepreneur, c’est très important d’avoir cette conscience de l’impact environnemental quand nous faisons notre business.
« C’est une belle initiative et c’est important que des entreprises fassent passer ce message. Ce ne sont pas toujours les discussions les plus drôles pour les entrepreneurs, mais c’est tellement essentiel. C’est aussi un sujet qui tient à coeur à nos employés. »
Avenir IT partage donc les valeurs de BizforClimate et n’avait d’ailleurs pas attendu ce projet pour commencer à prendre des actions. « Nos employés ont des ordi-
nateurs portables qui consomment moins et l’on a plus de serveurs sur site.
En matière de recyclage, on travaille d’ailleurs avec une compagnie qui recycle nos équipements pour les donner à des écoles », ajoute Mathieu Manaigre.
C’est le cas également de la bijouterie Diamond Gallery, fondée par la famille Malbranck en 1992. Lisa Malbranck, copropriétaire, parle de l’aspect écologique. « On a rejoint BizforClimate il y a un an. Ça faisait un bon fit avec ce qu’on fai-sait déjà dans notre entreprise. Nous sommes conscients de cette réalité écologique depuis longtemps. C’est simplement une valeur dans notre famille.
« Par exemple, en 2009, nous avons fait construire notre nouveau magasin dans un bâtiment écologique chauffé par géothermie. C’était un investissement important, mais qu’on sait durable.
« On travaille aussi beaucoup avec de l’or et de la platine recyclable. On peut réutiliser les pierres précieuses pour en faire quelque chose de nouveau. Nous cherchons à avoir le moins d’impact possible. Nous appuyons aussi beaucoup l’idée d’avoir moins d’objets, mais des objets de très bonne qualité. Ils vont rester dans le temps et pourront se transmettre plus facilement. »
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(1) Les autres personnes qui participent à BizforClimate et qui sont présentes au CA sont : Edward Buller (vice-président), Dee King (trésorière), Daniel Blair, Susan Hurrell, Louise May et Rick Penner.