Si Réal Bérard, alias Cayouche, est publié la toute première fois dans La Liberté du 18 mai 1978, c’est en fait à partir du 17 septembre 1982 qu’il entreprend fidèlement son rôle de dessinateur de presse pour le plus grand bonheur des lecteurs et lectrices de La Liberté. 

Par Sophie GAULIN, Directrice et rédactrice en chef 

Tantôt caricaturiste politique, tantôt plutôt poète, mais toujours artiste, semaine après semaine depuis 40 ans, Cayouche est l’âme et la conscience de notre journal franco-manitobain. Il nous rend heureux, il nous émeut, il nous fait réfléchir, il nous fait rire. 

C’est d’ailleurs ainsi qu’il voit son rôle, comme il le dit lui-même le 24 juin 2015, dans un cahier spécial qui lui est consacré : 

« Dans le monde des arts, il faut susciter des émotions. Pour être heureux, il faut que je rende du monde heureux. On peut voir les Cayouche comme des genres de petits cadeaux. Quand je les fais, je me sens une espèce d’utilité. J’ai le sentiment d’accomplir quelque chose. Il me semble que le caricaturiste doit être une conscience. En tout cas, il doit oeuvrer dans cette direction. » 

Mission accomplie : le Joual est en effet l’âme et la conscience du journal depuis ses premiers dessins. Il est le défenseur de valeurs sur lesquelles on bâtit des sociétés plus justes et donc plus saines. Le respect d’autrui et le soutien aux plus vulnérables lui servent de moteurs de créativité. 

Si la caricature est pour lui « le ridicule vraiment exagéré », il est de ceux qui estime qu’« il existe des recoins dans l’humain où tu n’as pas le droit d’aller. On s’attaque aux idées politiques et non à la personne elle-même ». 

Son mordant humain, Réal Bérard l’a mis une première fois dans La Liberté au service de la cause pro-école française au plus fort de la crise de l’école Précieux-Sang. Pour s’exprimer, il avait choisi comme pseudonyme Cayouche, le nom que les Métis donnaient au petit cheval sauvage des prairies. 

Il souhaitait ainsi protéger ses filles qui fréquentaient cette école. Et n’oublions pas qu’il était alors à l’emploi de la Province du Manitoba et qu’il lui importait de ne pas mélanger sa fonction d’illustrateur au ministère des Ressources naturelles et sa volonté de faire appel à son talent pour soutenir, à sa façon si unique, ses convictions de parent canadien-français. 

Cela fait maintenant 40 ans que le Joual borgne nous permet de voir la société sous une lumière fondamentalement authentique, loin des propagandes, des messages construits et des idées reçues. 

Cayouche, tu nous régales de tes cadeaux depuis quatre décennies. En cet anniversaire si exceptionnel pour La Liberté, permets-moi, au nom de l’équipe comme sans nul doute au nom de nos fidèles lecteurs et lectrices, de te remercier pour ton engagement envers un monde que nous souhaitons toujours plus juste, et tout spécialement à l’endroit des plus vulnérables.