Impossible de se voiler la face : le vieillissement de la population canadienne est réel et va nous poser des problèmes socioéconomiques sérieux. Et ça même si la population a connu une augmentation historique de 703 404 personnes entre le 1er juillet 2021 et le 1er juillet 2022. (Nous sommes passés de 38,2 millions à 38,9 millions.) 

Par Raymond CLÉMENT

Autre fait significatif : pendant la période mentionnée, la croissance naturelle a atteint seulement 45 571 personnes, soit le niveau le plus bas dans l’histoire canadienne. 

C’est la tendance à long terme de la baisse des naissances, enclenchée après 1961 (pic du baby-boom) accompagnée par une hausse des décès, qui a fait diminuer la croissance naturelle. 

Car un autre record dans l’histoire canadienne a été enregistré entre 2021 et 2022 : le nombre de décès est passé de 306 465 à 323 221. À ce rythme, la croissance naturelle deviendra négative d’ici quelques années. Petite consolation : les naissances ont augmenté légèrement de 361 613 bébés à 368 792 bébés. 

L’immigration nette internationale a atteint 657 833 personnes. Elle a donc contribué 93 % de l’augmentation totale de la population canadienne entre le 1er juillet 2021 et le 1er juillet 2022. L’Ontario est la principale bénéficiaire avec une augmentation de 327 019 personnes, soit 50 % de l’augmentation totale. (En passant : l’immigration internationale dépasse la croissance naturelle depuis la fin des années 1980.) 

L’augmentation selon les groupes d’âge 

La population des 0 à 14 ans a augmenté de 49 168, soit 7 % de l’augmentation totale. Celle des 15 à 64 ans a augmenté de 406 076, soit 58 % de l’augmentation totale. Celle des 65 ans et plus a augmenté de 248 160, soit 35 % de l’augmentation totale. Il faut noter que la population des 0 à 14 ans représente 16 % de la population totale, celle des 15 à 64 ans 66 % et les 65 ans et plus 18 % de la population totale. 

Tellement révélateur : l’âge médian 

L’examen de l’âge médian complète le portrait de la situation historique dans laquelle nous nous trouvons. (L’âge médian est l’âge qui divise la population en deux groupes numériquement égaux.) 

L’âge médian canadien est en nette hausse depuis le début des années 1970. En 1971, il se situait à 26,2 ans. En 2022, il était de 41,0. Canada oblige, cette moyenne n’est pas partagée également à travers le pays. 

Ainsi en 2022, l’âge médian d’un(e) Manitobain(e) est 37,7 ans. À Terre-Neuve il se situe à 47,8 ans. Il est intéressant de constater que l’âge médian en 1971 à Terre-Neuve était 20,9 ans. 

Comment une province comme Terre-Neuve est-elle passée du statut de plus jeune province en 1971 à celui de la plus vieille en 2022? Malgré le fait que les deux provinces citées ont subi un exode interprovincial depuis 50 ans, Terre-Neuve n’a d’évidence pas su attirer autant d’immigrants internationaux que le Manitoba. Clairement, l’immigration bénéficie à certaines régions plus qu’à d’autres. 

En quelque sorte, le sort de Terre-Neuve est emblématique du fait que la population canadienne vieillit depuis le début des années 1970. La proportion de la population des 65 ans et plus est passée de 8 % en 1971 à 19 % en 2022. La conséquence économique principale est que la proportion de la population active des 15 à 64 ans est en déclin depuis 2008. 

Plus que jamais, nos dirigeants politiques doivent se pencher sur toutes ces données hautement problématiques et trouver des solutions pour relever ces défis historiques.