À 44 ans, Nicholas Douklias vit sa toute première aventure en politique. Face à Matt Allard et Marcel Boille, ses deux adversaires pour le quartier de Saint-Boniface, il souhaite mettre en avant son expérience entrepreneuriale pour devenir conseiller municipal.
Par Jonathan SEMAH
Connu dans la communauté pour être le propriétaire du restaurant grec Helios, mais également siéger dans plusieurs conseils d’administration, tels que la Société de la francophonie manitobaine, la Zone d’amélioration commerciale de Norwood Grove, Entreprise Riel ou encore la Maison Gabrielle-Roy, le natif de Saint- Boniface avoue que les journées s’intensifient à quelques jours des élections.
Très occupé par ses entreprises, il explique ce qui l’a motivé à se lancer en politique et ce que Saint-Boniface représente pour ce fier franco-grec.
« Cet endroit, c’est là où j’ai grandi. J’y ai passé toute ma vie, j’étais à l’École Taché et Louis-Riel. Mes parents ont toujours eu des entreprises ici, ça fait des décennies que ma famille vit à Saint-Boniface. Je tiens la communauté à coeur. »
Alors que le conseiller sortant, Matt Allard, cherche à briguer un troisième mandat, Nicholas Douklias pense qu’il est temps pour du changement. Il souhaite parler à tous les déçus des politiques menées ces dernières années.
« C’est la communauté qui m’a rapproché des associations de résidents, de groupes communautaires et des leaders de la communauté. Des dizaines, éventuellement des centaines de personnes, m’ont dit : Nicholas, c’est le temps de te présenter parce qu’on a besoin de quelqu’un qui va nous écouter.
« Des gens sont déçus de ce qui arrive dans le quartier. Que ce soit la piscine de Norwood, l’Hôtel de Ville ou encore les infrastructures…
« Oui, les gens voulaient quelqu’un, au centre-ville, qui les représenterait comme un vrai porte-parole. Et pas un porte-parole pour la Ville de Winnipeg, mais un porte-parole pour la communauté. C’est ça que je veux être. »
Actif dans le monde de l’entreprise depuis plusieurs années, Nicholas Douklias compte bien apporter cette expérience dans son rôle de conseiller municipal, s’il est élu. En revanche, le candidat n’est pas dupe et sait qu’on ne s’occupe pas d’une entreprise comme d’un quartier. « J’ai été toute ma vie avec des entreprises. C’est complètement différent, mais je vais apporter mon ouverture et toujours parler aux gens. C’est là où il y a le manque maintenant. Il y a un manque de collaboration. Je ne suis pas là pour les accolades, prendre le crédit et dire : C’est moi qui l’ai fait. Non, je suis là pour dire : J’étais là pour la communauté, oui c’était moi qui étais là, mais on a travaillé ensemble. »
Par ailleurs, pour éviter tout conflit d’intérêts, Nicholas Douklias indique qu’il quittera les CA sur lesquels il siège s’il est élu conseiller municipal.
Inclusion, criminalité, services, insécurité alimentaire ou encore environnement sont autant de thèmes sur lesquels Nicholas Douklias souhaite réformer. Mais il indique que ses premières mesures seront surtout pour les infrastructures. « Quand je faisais mon porte-à-porte, il y avait deux grosses préoccupations : l’infrastructure, surtout en ce qui concerne les nids-de-poule sur les routes, et l’autre, c’est l’itinérance. Et on dirait que c’est arrivé soudainement. Mais, c’est en fait arriver dans les dernières quatre, cinq années, surtout dans notre quartier. Rien n’a été fait pour aider. »
Si Nicholas Douklias admet qu’il n’y a pas de « solution magique » en ce qui concerne l’itinérance, il souhaite mettre en avant les associations qui travaillent sur ce sujet comme Saint-Boniface Street Links. « Il y a certainement un besoin de plus de financement. Car cela veut dire plus d’aides et plus d’employés et un certain groupe ne peut pas couvrir tout l’est de Winnipeg, c’est impossible. Ça revient toujours à l’argent, mais ce sont ces personnes qui peuvent utiliser cet argent de la meilleure façon possible pour attaquer le problème. »
| Des dossiers importants
Au rayon des sujets cruciaux pour la communauté francophone notamment, il y a la gestion du Carré Civique plus particulièrement l’ancien Hôtel de Ville et l’ancienne caserne de pompiers. Le candidat Douklias espère pouvoir faire avancer les choses. « Déjà, on est chanceux que Manitoba Possible (1) ait le désir de travailler avec la communauté. Ça aurait pu être pire. Ma première semaine, mon premier jour si je suis élu, je vais travailler sur ce projet. On n’a pas de nouvelles, il faut savoir ce qui arrive. Là encore, il n’y a pas eu de collaboration. Quand c’était le temps d’en avoir, les appels n’ont pas été pris. On ne peut pas changer l’Hôtel de Ville, c’est un site historique. C’est le temps de travailler avec la communauté pour savoir ce qu’on peut en faire sans faire des changements énormes. »
Enfin, historiquement connu comme le quartier francophone de la ville, Saint-Boniface n’attire plus autant. Que ce soit pour les commerces ou les résidents, Nicholas Douklias veut redonner de l’attractivité à cette partie de la ville. « Tout le monde dit qu’il n’y a plus de vie sur le Boulevard Provencher. Il y a des façons de travailler sur ce problème. Le centre-ville de Winnipeg a le CentreVenture. Ça serait bon d’avoir quelque chose comme ça à Saint- Boniface pour promouvoir la francophonie. »
À quelques jours des élections, Nicholas Douklias se sent donc prêt à relever le défi et espère convaincre les derniers indécis. « À ceux-là je dis : Éduquez-vous, prenez le plus d’informations possible avant de voter. Il faut aller sur les sites web de chaque candidat, regarder ce qu’ils offrent et parler à vos amis pour savoir ce qu’ils en pensent. Le temps des élections, c’est le temps de savoir qui va le mieux représenter la communauté. »
(1) Manitoba Possible est l’entreprise qui a remporté l’appel d’offres au début de l’année 2021 concernant le rachat du 219 Boulevard Provencher.