“Savez-vous ce que c’est d’être un enfant avec un cancer en phase terminale? » Stéphanie Morin-Robert, elle, le sait. Et l’entièreté de son one-woman show, BLINDSIDE, porte sur ce récit très personnel autour de son oeil de vitre. 

Critique par Morgane LEMÉE dans le cadre de notre chronique Deux regards sur une pièce. 

Dès les premiers instants, le seule-en-scène prend tout son sens, par un écran géant. Est-ce nécessaire de prendre autant de place lorsqu’on est le principal et seul sujet sur scène? De toute façon, Stéphanie Morin-Robert le précise elle même : c’est son show, elle fait bien ce qu’elle veut. 

D’ailleurs, ses interactions directes avec le public, lorsqu’elle raconte de multiples anecdotes d’enfance, oeil dans les yeux, créent un lien bien unique avec l’auditoire. Difficile de détourner le regard. Et accrochez-vous, car, bien que le début de la pièce soit un peu lent, BLINDSIDE est un crescendo d’émotions. Un problème technique, géré avec brio, a créé, à mon humble avis, un lien encore plus intime avec le public. La pièce n’en est devenue que meilleure.

BLINDSIDE est remplie de surprises. Qui d’autre peut raconter des histoires d’oeil de vitre dans la cour de récréation, dans la salle de classe ou dans un camp d’été? L’histoire de vie de Stéphanie Morin-Robert, unique en son genre, et comme beaucoup d’autres, mérite d’être racontée. Sa narratrice joue avec son propre handicap, quitte à créer une gêne dans la salle. Public sensible, s’abstenir. Mais lors de cette première représentation au TCM, point de malaise : l’auditoire a ri aux éclats, et à de bien nombreuses reprises. Mission réussie pour Stéphanie Morin-Robert quand il s’agit de décomplexer le handicap. 

Avec une mise en scène épurée, ponctuée de danse, de marionnettes et même d’improvisation, le coeur de BLINDSIDE repose surtout sur son texte. D’ailleurs, il était à peine perceptible que Stéphanie Morin-Robert livrait la première mondiale en français. Autre mission accomplie.