Le public est invité à assister à une expérience théâtrale unique en son genre au cours de laquelle s’enchaînent trois pièces signées Mani Soleymanlou. Une exploration de nos identités et de celles de gens qui nous entourent.

Texte de Francopresse – Photos : Jonathan Lorange

Contenu commandité par le Centre National des Arts

Le comédien, drmaturge et metteur en scène Mani Soleymanlou se questionne sur son identité dans les pièces qu’il présente un peu partout dans le monde depuis près de 10 ans. Il a entrepris cette quête identitaire avec la pièce Un, où seul sur scène, il aborde ses origines iraniennes, son rapport à sa culture, son enfance en France et à Toronto jusqu’à sa vie d’adulte qui le mène à Montréal

Il poursuit sa réflexion dans Deux, aux côtés cette fois du comédien et dramaturge Emmanuel Schwartz. Les deux hommes, citoyens de la même ville, échangent et débattent sur ce qui les rassemble malgré leurs passés différents.

Finalement, la réflexion s’achève avec l’examen du rapport à l’“Autre” dans la pièce Trois, où 34 comédiens prennent la scène aux côtés Mani Soleymanlou et Emmanuel Schwartz pour exprimer leur perspective sur leur identité.

Toute cette troisième partie est menée par une question fondamentale : Qui es-tu?

Même pour le créateur du spectacle, la réponse n’est pas simple. Mani Soleymanlou se plait même à philosopher autour de sa réponse : «Je ne suis pas, je ne fais que devenir.»

Une caravane identitaire canadienne

Jusqu’à la mi-novembre, l’œuvre théâtrale Un.Deux.Trois. sera accueillie, après sa première à Ottawa dans les théâtres francophones de huit villes canadiennes, de Moncton à Vancouver, en passant par Montréal, Toronto et Winnipeg.

«Le but est de parler de l’Autre, du fait français, de représentativité. Il faut aller à la rencontre de l’Autre. J’avais envie de faire un spectacle qui parle des gens, mais qui va aussi voir les gens. Pour moi, le voyage à travers le pays était nécessaire, et sans le voyage j’aurais trouvé ça malhonnête de ma part de faire ce spectacle», explique Mani Soleymanlou.

Il était important aussi pour le metteur en scène que la diversité de nos communautés se reflète dans les 36 interprètes du spectacle qui proviennent de partout au pays.

Le texte de Trois est par ailleurs écrit autour du bagage, de l’origine, de la culture, de l’expérience, du rapport à l’Autre de chacun des comédiens et comédiennes. Loin de la fiction, chaque personnage est créé à l’image de son interprète.

«On parle par exemple de l’inclusion à Toronto. Trois acteurs qui expriment qu’ils se sont sentis inclus dans une société à partir du moment où ils ont déménagé à Toronto. À Winnipeg quand on parle de qu’est-ce que ça veut dire être Métis, j’espère que ça va résonner», explique le créateur.

Les enjeux autochtones sont abordés sur scène par des interprètes métis et autochtones du Québec et du Manitoba, ceux qui touchent à l’immigration sont portés notamment par une comédienne britanno-colombienne d’origine belge, et ceux qui portent sur la langue sont incarnés par des comédiens de l’Acadie.

«Les spectateurs se voient et s’entendent, insiste Mani Soleymanlou. Il faut qu’ils sachent que leur colère, leur frustration va traverser le pays. Le spectacle est ce véhicule-là en fait.»

Du théâtre générateur d’énergie

Le public est invité à s’installer confortablement pour l’enchainement des trois œuvres complètes en un même spectacle où le temps semble suspendu. Une expérience théâtrale unique qui permet, d’un seul coup, de comprendre la profondeur et la complexité des questions identitaires.

«C’est un projet qui implique à 100 milles à l’heure les spectateurs aussi. Le spectacle est générateur d’énergie. Dans les premières représentations à Ottawa et à Sudbury, l’ambiance était riche, festive. C’est le fun! Pour moi, ça ramène à ce que doit être le théâtre, sa mission d’agora, de discussion. L’endroit où on peut se lever dans la salle, où on peut crier, où on peut jaser, être bousculés, rire», s’enthousiasme Mani Soleymanlou.