“Les discussions se poursuivent ” au sujet de cette force, qui serait essentiellement une mission d’assistance en soutien à la police haïtienne, a affirmé le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue canadienne Mélanie Joly à Ottawa.

“Nous sommes d’accord pour dire qu’entre les pénuries alimentaire et en essence, la résurgence du choléra et les gangs qui bloquent les ports et terrorisent les civils, la situation n’est vraiment plus soutenable”, a indiqué M. Blinken.

Les deux responsables ont dit avoir largement discuté de la situation à Haïti lors de leur entretien.

Interrogée pour savoir si le Canada serait prêt à prendre la tête d’une telle force de sécurité, la ministre canadienne n’a pas directement répondu mais assuré que la mission d’évaluation canadienne avait précisément pour but de déterminer les conditions de sécurité sur place.

La délégation canadienne consulte actuellement les intervenants sur le terrain afin “d’explorer différents moyens d’aider le peuple haïtien”, a indiqué le gouvernement, qui prévoit de soutenir “des solutions proposées par les Haïtiens afin de rétablir l’accès aux biens et services essentiels”.

La ministre canadienne a notamment insisté sur le fait que toute mission devait se faire “pour et avec les Haïtiens”.

“Nous explorons différentes options mais elles doivent se baser sur la bonne évaluation sur le terrain”, a-t-elle encore dit.

Arrivé dans la matinée pour sa première visite au Canada depuis sa prise de fonctions en janvier 2021, M. Blinken a rencontré en fin de journée le Premier ministre Justin Trudeau, pour évoquer notamment Haïti.

Le chef de la diplomatie américaine devait ensuite quitter Ottawa pour Montréal.

La visite intervient au moment où la communauté internationale examine comment accroître son aide à Haïti, qui a appelé à la rescousse devant la dégradation de la situation humanitaire et sécuritaire, y compris par le biais d’une force de maintien de la paix. L’appel du gouvernement haïtien a été relayé par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Mais cette idée d’une force armée ne fait pas l’unanimité, ni au sein de la population haïtienne ni au sein du Conseil de sécurité, et aucun pays ne s’est encore proposé pour la diriger.

Les Etats-Unis ont indiqué être prêts à soutenir une telle force mais pas à la diriger, tout comme la France.

Le possible envoi d’une force étrangère réveille des souvenirs douloureux pour les Haïtiens. Le pays a déjà reçu des troupes américaines, françaises ou canadiennes, et des missions onusiennes — dont l’une a apporté le choléra, provoquant une épidémie qui a fait plus de 10.000 morts.

“Briser le lien”

Un haut responsable diplomatique américain, Brian Nichols, s’était dit mercredi “optimiste” et “confiant” sur la possibilité de mettre cette force en place et avait évoqué la date de “début novembre” comme possible échéance.

“Je pense que les choses avancent normalement”, a-t-il dit à des journalistes, parlant d'”une force de police avec des éléments militaires”.

Mais les chefs de la diplomatie des deux pays se sont montrés jeudi extrêmement prudents, sans préciser qui pourrait assumer une telle charge.

En attendant, outre de l’aide humanitaire, les Etats-Unis et le Canada ont livré mi-octobre de l’équipement de maintien de l’ordre pour la police nationale d’Haïti, sous-équipée et débordée par les bandes criminelles qui agissent en toute impunité.

M. Blinken et Mme Joly ont tous deux insisté jeudi sur la nécessité de “briser le lien” entre les gangs et certaines élites politiques qui les financent.

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