Quelque 55.000 travailleurs du secteur de l’éducation dans la province canadienne de l’Ontario se sont mis en grève pour une durée indéterminée vendredi, risquant d’énormes amendes pour avoir défié une interdiction mise en place plus tôt par le gouvernement provincial.

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A la suite de l’échec de négociations sur les conventions collectives avec le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) cette semaine, le gouvernement ontarien a adopté à la hâte une loi visant à empêcher une grève et ainsi garder les élèves en classe.

La loi inclut notamment une clause dérogatoire qui permet au gouvernement d’éviter toute poursuite judiciaire. Très rarement utilisée, cette clause a été vivement critiquée par le Premier ministre Justin Trudeau.

“Ce n’est pas une petite chose de suspendre les droits fondamentaux des Canadiens”, a déclaré M. Trudeau, ajoutant que le gouvernement fédéral considérait “toutes les options” pour défendre les “droits fondamentaux des gens”.

De son côté, le SCFP a qualifié cette loi de violation des droits de négociation de tous les travailleurs avant de tout de même déclencher une grève indéterminée, forçant la fermeture de centaines d’écoles en Ontario, province la plus peuplée du Canada.

“C’est un combat très important”, a confié Gabriel Dolo-Cooper, auxiliaire d’éducation à Ottawa, qualifiant ces mesures d'”injustes”.

“Mes collègues et moi cumulons déjà deux ou trois emplois juste pour joindre les deux bouts”, a-t-il souligné.

Le contrat de quatre ans imposé aux travailleurs prévoit des augmentations de 1,5 à 2,5%, soit beaucoup moins que ce que le syndicat exigeait pour faire face à la hausse du coût de la vie.

Sous la nouvelle loi, les grévistes encourent des amendes journalières allant jusqu’à 4.000 dollars canadiens (2.980 euros), tandis que le syndicat lui-même pourrait devoir payer 500.000 dollars canadiens. Le total pourrait s’élever à 220,5 millions de dollars canadiens par jour.

Pour sa part, le ministre de l’Education de l’Ontario, Stephen Lecce, a défendu l’utilisation des pouvoirs dérogatoires comme moyen de prévenir des conflits de travail, affirmant que les élèves avaient été suffisamment perturbés par la pandémie au cours des deux dernières années.

“Rien n’est plus important à l’heure actuelle que de ramener tous les élèves dans les salles de classe et nous utiliserons tous les outils à notre disposition pour y parvenir”, a-t-il déclaré.

À Toronto, des milliers de personnes se sont rassemblées devant les écoles fermées, l’Assemblée provinciale et le long des routes en brandissant drapeaux et pancartes.

Parmi les manifestants, Maria Gallant, une secrétaire d’école, a confié au radiodiffuseur public CBC qu’ils demandaient “simplement à être payés ce que nous méritons, rien de plus”.

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