La participation aux élections municipales a atteint de nouveaux creux la semaine dernière au Manitoba. La majorité des électeurs a tout simplement haussé les épaules, renoncé à ses responsabilités civiques et choisi de se dispenser d’aller voter.
Par Michel LAGACÉ
Le cas de Winnipeg est emblématique pour l’ensemble du Manitoba. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 62,5 % des 521 291 résidents qui avaient le droit de voter se sont abstenus. Et des 37,5 % qui ont voté, seulement 27,5 % ou 53 663 ont choisi le maire élu, Scott Gillingham. Il assume donc ses fonctions avec l’appui exprimé de 10,3 % des électeurs de la ville.
Ce n’était pourtant pas le nombre de candidats qui manquait : 11 se sont présentés à la mairie et 42 ont brigué les suffrages dans 13 quartiers électoraux. Deux conseillers en poste ont été élus sans concurrence.
Toute une palette de commentateurs a tenté d’évoquer les raisons de cette indifférence populaire. Pour certains, la faible participation serait le symptôme d’une déception quant à la valeur des candidats. D’autres soulignaient l’absence de partis politiques au niveau municipal, ce qui rendrait difficile le choix parmi un grand nombre de candidats. D’autres encore ont évoqué le manque d’intérêt pour les enjeux locaux, ou encore la difficulté d’intéresser les plus jeunes générations.
Personne n’a ouvertement spéculé si le fait que 32,1 % des résidents de Winnipeg sont nés à l’extérieur du Canada pourrait être un facteur.
Dans le quartier électoral de Mynarski, où le taux de participation de 25,2 % a été le plus bas à Winnipeg, le conseiller réélu, Ross Eadie, a expliqué que beaucoup de gens sont des locataires qui déménagent fréquemment et que beaucoup d’entre eux sont aux prises avec la pauvreté.
Voilà clairement une des préoccupations centrales que suscite le faible taux de participation : les électeurs qui font face au défi quotidien de répondre à leurs besoins immédiats participent peu aux élections et sont donc sous-représentés sur la place publique. Et, lorsque les problèmes de pauvreté, de toxicomanie et d’itinérance sont abordés, leur voix n’est pas entendue aux plus hauts niveaux décisionnels.
L’ensemble du conseil municipal est responsable de dossiers qui ont des répercussions sur la vie de tous les jours. Devant tant de défis de société, les Winnipégois, tout comme les électeurs dans toute la province, gagneraient franchement à assumer leurs responsabilités afin de donner une plus grande crédibilité aux actions des élus. Et les élus gagneraient à susciter un plus grand intérêt chez les électeurs.
On aurait tous intérêt à se regarder dans le miroir.