Lorsqu’on est en groupe, Oli est généralement très effacé. Il se tient près de moi ou de mes parents, ou encore il reste près d’une personne qu’il aime beaucoup et qu’il connaît assez bien. Il ne se mélange pas vraiment aux inconnus et se tient loin des enfants.

Par Marie-Élaine DESMARAIS

Les enfants, surtout les plus jeunes, semblent être un mystère pour lui. J’ai toujours pensé qu’il les trouvait bruyants, trop actifs et qu’il ne comprenait pas bien pourquoi les enfants n’agissent pas déjà en adulte. Pourquoi ils courent autour de la table quand c’est le temps de manger. Pourquoi ils parlent la bouche pleine, ou encore pourquoi ils crient au lieu de parler. J’ai toujours cru que c’était parce qu’on lui a appris à ne pas agir de la sorte, et qu’il a tout simplement du mal à comprendre que d’autres ne suivent pas les mêmes consignes.

Lorsqu’il y a des enfants, Oli s’isole. Il ne dit rien. Il s’éloigne tout simplement. Il ne cherche pas à entrer en relation avec eux. Si ces derniers lui parlent, il répond poliment, sans plus. Il les observe parfois, mais la plupart du temps, il change de pièce pour s’éloigner et trouver un coin plus tranquille. Parfois, les enfants oublient sa présence et poursuivent leurs activités.

D’autres fois, les choses se passent différemment. Il arrive que les enfants dévisagent beaucoup Oli, et qu’ils arrêtent de bouger et le fixent. Ils semblent intrigués. C’est probablement leur premier contact avec « un Oli » : certains ont visiblement peur. Souvent pour les rassurer leurs parents les éloignent. Ils les prennent rapidement par la main et les poussent vite dans la direction opposée. Parfois, certains pleurent en le voyant.

Il m’est arrivé récemment d’avoir la chance d’observer de plus près ce qui se passait sans être partie prenante de l’action. J’ai vu Oli s’éloigner des enfants à plusieurs reprises. Je l’ai vu les observer prudemment. Je l’ai vu rester près de mes parents. J’ai aussi vu les enfants le fixer plusieurs minutes, le pointer et s’éloigner à leur tour. J’ai vu leurs parents les éloigner et leur dire de ne pas s’approcher.

Au bout d’un moment, je suis allée voir Oli pour lui demander comment il allait. Il m’a répondu « ouf, enfants ». «Qu’est ce que tu veux dire Oli?», « Aime pas enfants. Fait peur. Dangereux. » Étant très surprise de sa réponse et peu en accord avec lui, je lui ai demandé pourquoi c’était dangereux, les enfants. Il m’a expliqué « Adultes les éloignent toujours. C’est parce que dangereux ».

Là, j’ai compris. Oli croit que les enfants sont dangereux puisqu’on ne les laisse jamais l’approcher. Il a donc appris à se méfier d’eux. Il a peur parce que la réaction des adultes qu’il rencontre est souvent empreinte de méfiance et témoigne de leur malaise à gérer la différence. Je trouve ça triste. Je trouve triste que notre premier réflexe face à la différence quelle qu’elle soit, soit la méfiance et l’évitement.

J’ai beaucoup réfléchi dernièrement et j’ai décidé de faire ma part. Désormais, je promets que c’est avec un sourire et un regard accueillant que je vais réagir face à une personne différente. Je ne sais pas vous, mais personnellement, je me sens toujours mieux accueillie par un sourire.