L’avenir de la production énergétique existe déjà à Saint-Malo. Yves Maynard, président-directeur général de la compagnie Kynetic Energy Solutions, a présenté sa technologie en Europe au mois d’octobre et a remporté le Vodafone Renewable Power Challenge. De retour au Manitoba, la compagnie se prépare pour la suite des évènements.

Par Hugo BEAUCAMP

Aujourd’hui PDG, Yves Maynard était encore jeune retraité il y a quatre ans. Par amour du bricolage et par intérêt pour l’environnement, il décide de se lancer dans l’aventure en rachetant la compagnie Kelso Energy Ltd en 2019 avec son partenaire Donald Walker. « Je suis ingénieur, alors j’ai toujours aimé fabriquer des choses et l’environnement est une cause à laquelle je tiens, » dit-il. « En 2018 Bary Ireland, l’inventeur de cette éolienne m’a demandé de l’aide pour la faire fonctionner. Alors on a travaillé dessus ensemble et quand j’ai réalisé que ça marchait, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose. »

D’autant plus que selon l’ingénieur, la compagnie rebaptisée Kynetic Energy Solutions, ne souffre d’aucune concurrence au Canada. « Des éoliennes de même calibre sont fabriquées ailleurs, mais elles ne sont pas aussi efficaces. » Lance le résident de Saint-Malo.

Au-delà des matériaux écoresponsables utilisés dans la fabrication de ces éoliennes, la technologie proposée par Kynetic Energy Solutions a d’autres avantages par rapport aux éoliennes classiques. « Les nôtres ne mesurent que trois mètres et sont équipées de générateurs de 5 kilowatts de puissance. L’avantage c’est qu’elles peuvent être installées très facilement, elles coûtent 50 000 $, ne demandent presque pas d’entretien et ont une durée de vie estimée entre 10 et 15 ans. » À titre de comparaison, une éolienne industrielle mesure entre 120 et 150 mètres de hauteur et coûte plus de 1,5 million $. Évidemment la puissance déployée est bien plus importante, on la compte en mégawatts, mais là n’est pas l’enjeu.

| Une solution éco-responsable

Récemment, avec la guerre en Ukraine et la fin de l’exportation de gaz russe en Europe, ce genre d’alternatives énergétiques pourrait s’avérer essentielles pour aider les pays européens à atteindre leurs besoins d’émissions sur le court-terme. Au départ cependant, lorsque Yves Maynard et ses ingénieurs commencent à développer leur solution, l’objectif était d’aider les peuples autochtones à s’alimenter en électricité. Car si la région environnante à Winnipeg n’est pas particulièrement propice à l’installation d’éoliennes, le vent est moins timide au nord du pays et cela pourrait changer la donne pour ceux qui y résident comme le souligne Yves Maynard : « Si le vent est suffisant, une éolienne peut couvrir tous les besoins énergétiques d’un foyer et forcément c’est moins cher que de fonctionner au gaz. »

Aujourd’hui les principaux intéressés sont les géants de la télécommunication qui couvrent des zones reculées, parfois sans accès à l’électricité. C’est d’ailleurs l’essence même du concours organisé par Vodafone : the Renewable Power Challenge dont l’objectif est de trouver des collaborateurs capables de fournir des solutions technologiques éco-responsables.

Le PDG raconte avec beaucoup d’humilité : « Nous étions en compétition avec 50 autres compagnies, et nous l’avons remportée. Les critères se basent sur le prix, la facilité d’installation mais aussi sur la pollution visuelle. Notre éolienne se fond dans le décor, elle est parfaitement silencieuse et inoffensive pour l’environnement. Par exemple nos hélices sont noires et visibles pour les oiseaux qui peuvent donc les éviter. » Une éolienne qu’on distingue à peine, c’est un critère important. Yves Maynard souligne une incohérence dans certains discours : « Tout le monde est pour la transition écologique, mais personne ne veut voir d’éolienne près de chez lui! » Au moins ici, pas d’excuses.

| Un moment charnière

Depuis sa victoire au Luxembourg lors de la semaine du 26 octobre, Kynetic Energy Solutions a remporté un contrat de preuve de concept avec Vodafone. Les petites éoliennes de Saint-Malo vont donc aller se poser au sud de Londres dans le courant du mois de mars pour prouver qu’elles fonctionnent correctement.

Mais le président est confiant, « oui, elles fonctionnent! » Quant à la prochaine étape, « une fois ce contrat rempli, nous allons devoir alimenter 600 sites mobiles, puis si ça fonctionne 600 000. » Alors pour notre Manitobain l’objectif est clair : « Cette victoire a été bonne pour les affaires. Maintenant les choses sérieuses commencent, il va falloir qu’on grandisse. Pendant la crise COVID nous avions dû tout arrêter. Aujourd’hui on repart à zéro avec une énorme demande d’un coup. C’est un moment charnière pour la compagnie, j’aurais peut-être dû rester à la retraite (rires). »