Le nouveau livre de Nicolas F. Paquin, Avant d’oublier, les Canadiens français à Dieppe, aborde la mémoire et l’histoire de 91 jeunes Canadiens français qui ont participé au raid de Dieppe lors de la Seconde Guerre mondiale.

Par Raphaël BOUTROY

C’est l’absence de discussion et de mémoire collective portant sur la Seconde Guerre mondiale qui a poussé l’auteur et dramaturge Nicolas F. Paquin à recueillir des témoignages de guerre. Son livre : Avant d’oublier, les Canadiens français à Dieppe rassemble 91 témoignages de Canadiens français qui ont participé au raid de Dieppe le 19 août 1942.

Le raid de Dieppe fait partie de l’opération Jubilee. Cette opération a mis en action plusieurs milliers de soldats canadiens, américains et britanniques en les envoyant en France, qui était à l’époque sous le contrôle des forces de l’Allemagne nazie.

C’est sur la ville côtière de Dieppe que 5 000 soldats canadiens ont lancé un débarquement. Parmi ces soldats, environ 1 000 ont été tués et presque 2 000 ont été faits prisonniers.

Plusieurs raisonnements cherchent à justifier cette opération, mais il reste disputé que ceci ait été une opération pour tester des méthodes de débarquement ou pour capturer des renseignements ennemis. Pour Nicolas F. Paquin , il y a une évidence : « Peu importe l’objectif, ces jeunes hommes ont été de la chair à canon. Ils ont combattu et ils ont souffert. Du régiment des fusiliers de Montréal, formé de Canadiens français, 650 sont partis et 150 sont revenus. »

Nicolas F. Paquin sur la plage à Dieppe. (photo Gracieuseté Nicolas F. Paquin)

Au cours de ses études au secondaire et à l’université, Nicolas F. Paquin a peu été exposé aux contributions canadiennes lors de la Seconde Guerre mondiale.

« Je ne sais pas exactement quelle est la situation partout au Canada, mais je sais qu’au Québec, on parle très peu de la guerre. Il y a un problème institutionnel, une mauvaise assomption que les Québécois ne veulent pas connaître l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Pour une province qui a comme devise Je me souviens, l’ironie est flagrante. »

La recherche qu’il a faite pour le livre lui a montré que le problème n’est pas au niveau des individus. « La population québécoise a soif de témoignages, elle a un véritable désir de partager l’histoire qu’elle connaît et d’en découvrir plus. »

Quant aux citoyens de Dieppe, l’opération à Dieppe est très présente dans leur mémoire. Pour eux, il n’est pas question d’oublier. « Dans mes conversations avec des Dieppois, on m’a demandé si les Canadiens leur en voulaient puisque Dieppe avait été un si grand sacrifice. C’est justement pour cela que les Dieppois se souviennent tant du raid. Ils sont reconnaissants face aux efforts canadiens. Le raid de Dieppe n’a pas été une libération, ça a été un sacrifice. »

Il y a plusieurs manières de commémorer une chose et de s’en souvenir. Il est possible de profiter de grands évènements comme le Jour du Souvenir, cela dit, il peut aussi y avoir des actes de commémoration dans le quotidien.

Nicolas F. Paquin, auteur du livre Avant d’oublier, les Canadiens français à Dieppe, édité par Hugo Doc. (photo Gracieuseté Nicolas F. Paquin)

« Au cours des cinq dernières années, j’ai eu l’occasion de venir à Dieppe et en France dans le cadre de l’écriture de mon livre. L’un des éléments marquants pour moi a été le nom des rues et des places dans les villes. Au Québec, on a beaucoup de rues qui portent des noms religieux catholiques, que ce soit des saints ou des symboles. On ne parle pas énormément des individus remarquables de nos communautés. En France, j’ai trouvé des rues qui portaient le nom de soldats originaires de la ville, de maires, de docteurs, de véritables membres de la communauté. »

Les personnages importants de l’histoire ne sont pas uniquement les grands noms, comme l’indique Nicolas F. Paquin : « Le soldat qui est parti combattre à Dieppe a participé à la guerre. Pour moi, il est d’aussi grande valeur que les grands hommes politiques et les dirigeants. »

Par la rédaction et la distribution de son livre, Nicolas F. Paquin veut faire une contribution au souvenir collectif du raid de Dieppe et de la Seconde Guerre mondiale : « Je pense que ce que je propose comme livre a une valeur, puisque ça raconte l’histoire de personnes. Je veux partager cette histoire avec tous ceux qui pourraient être intéressés, mais aussi enregistrer un évènement historique important. »