Le discours pré-électoral du Trône prononcé par la lieutenante-gouverneure Anita Neville présente des analyses fautives qui mettent en doute l’efficacité des mesures que le gouvernement provincial propose.
Par Michel LAGACÉ
Dès le début, le discours laisse tomber nonchalamment « Alors que nous entamons la première étape après la pandémie… ». Les taux d’hospitalisation et la présence de multiples variants du SRAS-CoV-2 permettent de douter de cette présumée fin de la pandémie.
Cependant la phrase qui surprend le plus dans ce discours, c’est l’annonce que le « gouvernement continuera de s’attaquer aux questions sous-jacentes que sont l’itinérance, les dépendances et les problèmes de santé mentale en offrant des soutiens renforcés aux forces de l’ordre de première ligne grâce à des outils technologiques, une formation spécialisée, une présence policière accrue et l’augmentation du nombre d’agents. »
Ainsi, le gouvernement prétend qu’il va s’attaquer aux causes profondes de la criminalité en renforçant l’effectif policier? Et pour rendre les rues plus sûres, il va installer plus de caméras de surveillance au centre-ville? Comme si, en adoptant un discours ferme sur le crime, des problèmes aussi complexes que l’itinérance et la santé mentale trouveront une solution.
Ne serait-il pas plus souhaitable de s’engager à fournir des services de première ligne plus spécialisés pour soulager la pression sur la police? Et quant à la dépendance, il existe de nombreuses preuves de recherche que les sites de consommation supervisée sauvent des vies, ce que le gouvernement actuel refuse d’admettre.
Le besoin de réagir à la crise actuelle est urgent : après avoir subi 372 décès par surdose en 2020 et 407 en 2021, le Manitoba est sur la bonne voie pour encore plus de décès en 2022.
Pourtant, le discours rappelle que le gouvernement offre plus de ressources pour le traitement des dépendances, y compris jusqu’à 1 000 places de traitement supplémentaires et plus d’argent pour lutter contre l’itinérance. Mais le thème principal de l’objectif de « contribuer à rendre nos communautés plus sûres » est de chasser et de poursuivre les criminels, ce qui, rappelons-le, se fait déjà.
Plutôt que de s’inspirer d’idées discréditées, et plutôt que de stigmatiser les populations marginalisées, ce gouvernement pourrait adopter de meilleures pratiques qui ont fait leurs preuves dans d’autres juridictions. Et ce faisant, il pourrait présenter un programme basé sur des faits plutôt que sur une idéologie qui ne laisse entrevoir aucun succès, et même pas forcément électoral en octobre 2023.