L’hiver manitobain est bien installé et certains Manitobains ont déjà fait leurs valises pour quitter la province vers le Sud. Le Dr François Lagacé, résident en dermatologie à l’Université McGill, rappelle la nécessité d’une bonne protection solaire.
En effet, chaque année près de 8 000 mélanomes sont diagnostiqués chez les Canadien.nes. Un phénomène en croissance depuis plusieurs années, le Dr François Lagacé travaille sur une meilleure sensibilisation du public à cette réalité trop souvent oubliée.
Par Ophélie DOIREAU
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté
C’est en partant d’un constat assez simple que le Dr François Lagacé a rejoint le travail de recherche du Dr Ivan Litvinov, chercheur principal du projet SoleilUV et directeur de la recherche en dermatologie à l’Université McGill. « Le taux de mélanomes a augmenté de manière significative au Canada ces dernières années et on veut comprendre pourquoi.
« Dans le fond, on s’est intéressé à la protection du soleil que ce soit de la crème solaire, porter des vêtements amples, éviter le soleil etc. »
Entre 2011 et 2017, on identifiait 20,75 cas pour 100 000 individus alors qu’entre 1992 à 2010, c’était 12,29 cas pour 100 000 individus. Le Dr François Lagacé donne plusieurs raisons à cette augmentation. « Les gens font plus d’activités à l’extérieur donc ils sont forcément davantage exposés au soleil qui est un facteur de risque. D’un autre côté, les avancées médicales permettent de détecter davantage de mélanomes à des stades plus précoces. »
| Encourager les bons comportements
Cette recherche montre aussi des disparités entre les Provinces et les Territoires. « Au Manitoba, on identifiait 16,28 cas pour 100 000 individus. Alors qu’à l’Ile du Prince Édouard, c’est 33,86 cas pour 100 000 individus. On veut comprendre ces différences. Pourquoi est-ce qu’il y a des taux plus élevés alors que d’autres plus bas suivant certaines régions. »
L’idée derrière la recherche conduite par Dr Ivan Litvinov, c’est d’encourager les Canadiens à adopter de bons comportements comme le souligne Dr François Lagacé. « On a fait des sondages auprès des Canadiens pour comprendre leur comportement avec la protection solaire. Ce qu’on observe c’est que beaucoup de Canadiens n’utilisent pas de crème solaire. Beaucoup de Canadiens s’exposent à des facteurs de risque comme les salons de bronzage et beaucoup de Canadiens s’exposent au soleil entre 10 h et 16 h quand les rayons UV sont les plus intenses.
« Si on peut comprendre le comportement des Canadiens, on peut développer des campagnes de santé publique ciblées pour de meilleurs comportements. »
Cette idée est de campagne ciblée, le Canada ne serait pas le premier pays à la mettre en oeuvre. Dr François Lagacé détaille. « En Australie, ils ont fait plusieurs campagnes cibles dans les années 1980. Depuis le début de ces campagnes, les taux de mélanomes ont fait un plateau, on compte entre 50 et 60 cas pour 100 000 individus. Si on s’intéresse à l’Australie, c’est parce que c’est le pays qui a le plus de cancer de peau au monde parce qu’ils sont énormément exposés au soleil.
| De la protection pour tous
« Il y a tout un travail fait par la santé publique pour renseigner davantage sur l’importance de la protection solaire. »
Un travail de sensibilisation auprès de la population est donc nécessaire. Beaucoup de fausses idées circulent autour de la crème solaire. Dr François Lagacé renverse quelques préjugés. « Souvent, les personnes non-blanches pensent qu’elles sont exemptées de mettre de la crème solaire parce que leur taux de mélanine est plus élevée. Mais c’est faux, on estime que ces personnes ont un facteur de protection solaire d’environ 12 ou 13. Les recommandations canadiennes sont de porter un facteur de protection solaire d’au moins 30 (1). Oui, elles ont une protection naturelle. Mais ce n’est pas assez pour arriver aux recommandations canadiennes. Donc elles doivent porter de la crème solaire.
« À un facteur de 30, on est capable de bloquer environ 93 % des rayons UV. Ce taux monte à 98 % si on utilise une crème solaire qui est 50 ou plus. Je recommande à tout le monde d’utiliser une crème à 50 ou plus. »
(1) Santé Canada définit le facteur de protection solaire de cette manière. ” Le FPS est une mesure relative du temps qu’il faudrait à une peau non protégée pour brûler au soleil comparativement au temps qu’il lui faudrait pour brûler après application de la quantité d’écran solaire recommandée »