Mais les lecteurs avertis auront remarqué qu’il n’y a pas que les impôts fonciers pour financer les opérations et les infrastructures de la Ville : les autres paliers gouvernementaux y contribuent aussi!

Laissant de côté le fait que cet argent, ultimement, puise aussi ses origines dans nos poches, prenons le temps de se poser la question : combien en faudrait-il? Pour aujourd’hui, regardons seulement nos routes, qui comptent pour environ 44 % de notre infrastructure. Pouvons-nous au moins trouver cet argent-là?

Attention, divulgâcheur: Non. L’argent nécessaire pour maintenir les routes qu’on a déjà construites n’existe pas. Et il n’existera jamais.

En 2021, la Ville a dépensé 152,2 millions $ pour la réfection routière. C’est un montant record, après plusieurs autres années de montants records. Cela nous a permis de faire le maintien de 113,8 kms de voie de route, et d’en remplacer 32,8 kms.

Mais, la Ville est responsable de 8 300 kms de voie de route. Le budget de 152,2 millions $ correspond à un maintien de chacune tous les 73 ans, et d’un remplacement de chacune tous les 253 ans.

La durée de vie de la chaussée nécessitant un maintien tous les 10 ans et un remplacement tous les 50-60 ans, il nous faudrait environ 600 millions $ de plus par année pour y arriver.

On connaît déjà l’envergure de l’augmentation d’impôts nécessaire au niveau municipal. Mission : impossible.

Si on décidait plutôt de couper des dépenses du budget municipal pour trouver ce montant, il faudrait éliminer complètement le service

policier, le service d’incendie et de soins paramédicaux, ainsi que le département de services communautaires (celui chargé des bibliothèques, piscines et centres communautaires). Oui, OMG.

Mais si c’était la Province qui payait? Là, il nous faudrait une TVP de 10,5 % pour que le revenu additionnel par habitant redevable à la Ville soit adéquat. Pour y arriver par coupures, c’est une réduction de 17 % des dépenses en éducation qu’il nous faudrait, ou l’élimination de la moitié des infirmières de la province.

Au niveau fédéral, on parle d’une TPS à 8,75 % pour que la portion supplémentaire qui nous reviendrait par habitant comble notre manque à gagner.

Et ceci est uniquement pour arriver à payer pour nos routes existantes!

Ça n’arrivera jamais.

Qu’on se le dise : on ne fait pas face à un problème de revenus, ni à un problème de dépenses. C’est un problème d’insolvabilité: nos obligations en infrastructure dépassent nos moyens. Et pas d’à peu près.

Comment s’en sortir?

Évidemment, lorsqu’on est dans un trou, on arrête de creuser. Si on ne peut pas se payer les routes qu’on a déjà, on arrête d’en ajouter, on arrête d’élargir.

De plus, on doit tout faire pour maximiser l’utilité des investissements qu’on a déjà fait, en rendant plus facile pour plus de gens de se servir de moins de routes. Ça veut dire miser sur le transport en commun, le transport actif, les arbres de rue, ralentir la circulation là où les gens marchent, et rapprocher les destinations grâce au développement intercalaire à usage mixte.

Ce n’est pas une question d’opinion ou de préférence. C’est une réalité financière.