Comme en 2022, Wilgis Agossa, en ce début du mois de l’histoire des Noirs, présente au Théâtre Cercle Molière (TCM) une exposition dans le cadre de la série d’évènements Noir et Fier. Sur le thème du métissage, les oeuvres dévoilées cette année se veulent un bon moyen d’ouverture d’esprit et d’éducation.

S’il fallait poser les fondations l’année dernière, 2023 ressemble plus à une confirmation pour Wilgis Agossa. Le TCM accueille une fois de plus les photographies de Wilgis Agossa. En revanche, s’il savait plus précisément ce qu’il voulait faire, cette nouvelle exposition lui a demandé beaucoup plus d’efforts. « Dans la conception, cette exposition version 2023 est plus facile, mais ça n’a pas empêché qu’il a fallu beaucoup plus de travail. On a voulu voir plus gros, rejoindre plus de personnes et offrir plus d’activités. On commence à souffler, ça reste occupé, mais c’est une très belle cause. »

En effet, le mois sera chargé et jalonné de plusieurs activités. Après une première conférence sur le métissage au Musée canadien pour les droits de la personne le 3 février, le vernissage de cette exposition le 5 février, un cercle de partage est prévu ce 8 février au TCM. S’en suivra un marché artisanal le 10, un nouveau cercle de partage le 15, une lecture de pièce le 27 et ce mois se terminera le 28 février par une fête de clôture.

Thème fédérateur

Pour revenir à l’exposition, qui sera elle disponible tout le mois de février au TCM, Wilgis Agossa liste les nouveautés et rappelle surtout son envie d’une exposition avec un thème encore plus fédérateur. « L’année dernière, nous avions misé sur une exposition uniquement avec des personnes complètement noires, qui portent cette identité noire. Cette année on a opté pour le métissage, avec l’idée de s’étendre plus. Si je prends l’exemple de mes enfants qui sont à moitié blancs, à moitié noirs, ils peuvent se retrouver là-dedans. »

Cette envie d’être encore plus large vient aussi des discussions que Wilgis Agossa mène avec les gens qu’il approche pour cette exposition. Il se souvient d’une anecdote marquante. « J’ai discuté pendant des heures avec une personne. Elle m’a dit je ne suis pas toujours acceptée partout, je suis trop blanche pour être noire et trop noire pour être blanche. C’est une réalité qu’il faut prendre en compte. Il faut écouter ces personnes pour qu’elles trouvent leur place. »

La dizaine de photos à découvrir sont donc des portraits, des moments de vie, des émotions, des couples, des visages, des histoires qui représentent l’identité noire et l’identité blanche. « Ce sont des personnes qui portent fièrement cette identité et qui se mettent en lumière pour raconter le fait qu’une partie de leur histoire touche à l’histoire des Noirs. »

Une essentielle éducation

Toutes les photos ont été prises par Wilgis Agossa ces derniers mois et le photographe n’a pas eu trop de mal à les convaincre. Seule originalité : sur certaines des photos exposées, il est possible de voir le visage de ses enfants. Ces derniers ne le sauront qu’en découvrant l’exposition.

« Dans ce processus, j’ai discuté avec eux pour connaître leurs opinions sur le métissage et comment ils se sentent. Ils ont manifesté leur envie d’être dans l’exposition, mais pour moi, ça a été un tiraillement. Ils sont sur le site web consacré à Noir et Fier, mais ne savent pas encore que j’ai choisi leurs photos. Je veux créer l’effet de surprise, c’était leurs choix et j’ai hâte de voir leurs réactions. »

Autre élément de réaction et de discussion se trouve à l’entrée de la galerie. En plus du message sur la reconnaissance des Terres, Wilgis Agossa a rajouté un message sur la reconnaissance et la présence des Noirs au Manitoba. Un texte fort, éducatif, rappelant une histoire importante. « C’est une histoire qui ne se retrouve pas dans nos écoles. C’est une histoire qui ne se raconte pas. La reconnaissance de la discrimination vécue par les Noirs, on n’en parle pas. Nos enfants ont besoin de connaître cette histoire. C’est cette histoire qui va nous amener à mieux nous connaître et à mieux vivre ensemble. Autrement, on fait semblant. »