FRANCOPRESSE – Le poids démographique des francophones en situation minoritaire devra être rétabli à 6,6 % dans la nouvelle Loi sur les langues officielles, soit le niveau de 1971. Les membres du Comité parlementaire des langues officielles ont aussi adopté un amendement garantissant un accès à la justice dans l’une des deux langues officielles, sans préjudice. Contrairement au ton des échanges des jours précédents, les libéraux se sont montrés unis après les divisions récentes.

Inès Lombardo – Francopresse

La députée franco-ontarienne Arielle Kayabaga a déposé le premier amendement au nom de son parti, mais c’est la néodémocrate Niki Ashton qui a fait inscrire le taux de rétablissement du poids démographique à 6,6 %. « Nous avons pris cette donnée dans le livre blanc [déposé en 2021] », a fait valoir la députée du Manitoba.

Autre amendement de taille pour les francophones : l’ajout à la Loi d’une interprétation des droits linguistiques qui devra prendre en compte le fait que «le français est en situation minoritaire au Canada et en Amérique du Nord en raison de l’usage prédominant de l’anglais et que la minorité anglophone du Québec et les minorités francophones des autres provinces et des territoires ont des besoins différents».

Proposé par le Bloc québécois, cet ajout a été adopté à la majorité. Seule la députée anglo-québécoise Patricia Lattanzio s’est abstenue.

Un accès à la justice dans l’une des deux langues officielles

Le Bloc québécois a aussi fait adopter à l’unanimité l’absence de préjudice si une personne recourt à l’une des deux langues officielles devant un tribunal fédéral.

« Cela laisse un certain pouvoir discrétionnaire aux juges et à la cour de mettre en œuvre ce principe. […] Les tribunaux vont prendre la balle au bond, en faisant en sorte que les droits linguistiques soient déjà conférés par la partie III de la Loi sur les langues officielles et soient respectés », a appuyé Warren J. Newman, avocat et fonctionnaire au ministère de la Justice.

Un parti libéral « uni » après les dissensions

L’autre élément à retenir cette semaine, c’est le changement de cap des libéraux, déterminés à se montrer unis, après les divisions observées ces derniers jours.

Mardi sur Twitter, le député libéral Francis Drouin avait fustigé les propos « honteux » tenus par des députés Anglo-Québécois de son parti qui craignaient une distillation des droits des anglophones du Québec si la Charte de la langue française était insérée dans la future loi. Mardi, l’élu franco-ontarien a finalement lissé son discours : « Nous en famille, on s’obstine, on n’est pas toujours d’accord, mais c’est normal. Le premier ministre a donné la chance à certains députés de présenter leurs opinions, mais ça ne s’est pas passé. C-13 doit passer maintenant. On est unis derrière ce projet de loi. »

Questionné sur d’éventuelles conséquences pour les députés dissidents mercredi, avant la réunion de son caucus, Justin Trudeau a donné le ton : « Nos députés sont ancrés dans des principes de défense de liberté, de défense des droits linguistiques et ils sont en train de représenter leurs communautés. On a mis de l’avant une proposition avec C-13 qui protège les minorités linguistiques à travers le pays, avec une emphase particulièrement sur la protection du français, et on sait que c’est le bon équilibre. On va continuer à avancer avec ce projet. »

Un discours que tenait déjà la députée franco-ontarienne Arielle Kayabaga la veille. Elle a notamment défendu le droit des parlementaires de se battre pour « des enjeux très différents ». « On est tous là pour faire sûr que nos communautés ne sont pas laissées en arrière. Je respecte tous mes collègues et la façon dont ils défendent leurs communautés. Moi, mon intérêt est qu’on passe rapidement cette loi. »

Le mot d’ordre a clairement parcouru les rangs des libéraux, car les réactions ont été similaires du côté de Franco-Ontarien Marc G. Serré, secrétaire parlementaire de la ministre des Langues officielles et de Mark Holland, leadeur du gouvernement à la Chambre des communes. « Nous sommes un parti uni », a commenté Pablo Rodriguez, ministre de Patrimoine canadien.