Dans une volonté de favoriser l’inclusion de la communauté 2ELGBTQ+ d’expression française, le Collectif LGBTQ* du Manitoba poursuit son projet d’analyse des besoins en se concentrant sur les jeunes. Jusqu’au 16 février, les parents et le personnel enseignant sont amenés à partager leurs expériences (1).

Avant de rentrer dans le vif du sujet, Stephan Hardy, président du Collectif LGBTQ*, contextualise le travail qui s’effectue au sein de l’organisme. « L’analyse des besoins a plusieurs phases qui comprend une étude sur les adultes, cette partie a déjà été réalisée. Et une étude sur les jeunes qui comporte trois volets.

« Pour cette étude, ce sont des jeunes chercheurs qui vont mener les recherches. Il y a déjà eu du travail de fait avec les principaux intéressés. Mais ce qui est revenu c’est qu’il fallait aussi regarder en particulier deux milieux : l’environnement familial et scolaire.

« Alors sonder les parents des enfants 2ELGBTQ+ et leur enseignants est indispensable. Sinon l’étude va louper des perspectives et ne pourra peut-être pas répondre correctement à tous les besoins identifiés. »

C’est d’ailleurs par une enquête qualitative que le Collectif LGBTQ* compte mener ses recherches. « On veut comprendre quelles sont les expériences des parents d’enfants 2ELGBTQ+ et celles des enseignants, on veut aussi comprendre leurs défis.

« Grâce à ces résultats, on pourra imaginer des politiques et des interventions qui pourront refléter exactement les besoins des jeunes 2ELGBTQ+ d’expression française. »

Combattre la méconnaissance

« Les parents peuvent choisir soit un entretien individuel, soit faire partie d’un groupe témoin. Pour les enseignants, c’est simplement un partage d’expérience lors d’un groupe témoin. Il faut compter une heure de temps dans les deux cas. »

Stephan Hardy sait tout le bien que peuvent procurer ces recherches et leurs résultats. Il l’a lui-même constaté avec le rapport des besoins des adultes 2ELGBTQ+ d’expression française. « Avec le premier rapport, le Collectif a eu la chance de partager à plusieurs endroits les résultats. Il y a eu un véritable réveil de la part des personnes hétérosexuelles et cisgenres. On a constaté beaucoup de méconnaissances ou tout simplement pas de connaissance du tout sur la communauté 2ELGBTQ+.

« Il y a eu quelques présentations dans des salles de classe et les rétroactions étaient surprenantes. Des enseignants se sont demandés : Comment on pouvait aider? Comment on prend en charge un élève LGBTQ+? Comment reconnaître l’homophobie?

« Il y a donc tout un contexte à remettre déjà. Qu’est-ce que c’est être cisgenre? C’est quoi un monde hétéronormatif? Ce sont des mots qui décrivent des phénomènes qui ont un impact sur la santé et le bien-être des personnes de la communauté 2ELGBTQ+. Il faut être outillé pour les reconnaître. C’est un grand travail d’éducation. Alors même avec la phase 1, il va y avoir beaucoup de suivis à assurer. »

Si la phase 2 est d’une aussi grande importance, c’est que Stephan Hardy a pu constater le mal-être de certains jeunes qui s’identifient 2ELGBTQ+.

« Dans cette phase 2, ce sont des jeunes qui prennent en charge leurs propres besoins. Dans la littérature ou même tout simplement avec des témoignages, il est possible de se rendre compte que les jeunes sont plus enclins à avoir des troubles dépressifs, à avoir des comportements dangereux.

« Il est difficile de se rendre compte du fardeau que c’est d’être jeune et d’être une minorité sexuelle. On veut essayer de transmettre ça dans l’étude des jeunes.

« Le problème en ce moment pour les pourvoyeurs de service de santé, les divisions scolaires et autres, c’est qu’il existe des ressources soit en anglais alors ce n’est pas une solution. Soit des ressources en français sauf qu’elles ont été créées dans un contexte de français majoritaire. Il y a alors une discrimination de la langue minoritaire. »

Stephan Hardy

Des ressources adaptées

« Tant qu’on n’est pas sensibilisé à un problème, on ne peut pas le prendre en main pour le régler. On espère pouvoir apporter des solutions pour tout le monde. » Les solutions passent, certes, par l’éducation, mais également par des ressources adaptées à la situation.

« Grâce aux résultats de la phase 2, il sera également possible de créer des ressources en français adaptées à notre réalité.

« Le problème en ce moment pour les pourvoyeurs de service de santé, les divisions scolaires et autres, c’est qu’il existe des ressources soit en anglais alors ce n’est pas une solution. Soit des ressources en français sauf qu’elles ont été créées dans un contexte de français majoritaire. Il y a alors une discrimination de la langue minoritaire.

« Quand on lit : Contactez votre médecin pour en parler. La réalité au Manitoba est que parfois il n’y a pas de médecin francophone disponible ou alors il n’y a pas de spécialiste francophone tout simplement. Il faut des ressources contextualisées. C’est la clé de tout. Autrement, on va passer à côté d’une solution adaptée à nos besoins. »

(1) Si vous souhaitez participer : https://collectiflgbtq.ca