Si l’intérêt a un peu diminué, c’est aussi parce que l’Ukraine offre une réponse forte à l’invasion russe, créant une situation d’équilibre que les Russes n’avaient pas prévue. Pour le grand public, la situation, si elle n’est pas réglée, semble au moins sous contrôle. Sauf que cet équilibre tient à la force et pourrait bien se rompre si la Russie usait de moyens disproportionnés et illégaux, comme les armes nucléaires. 

Faut-il internationalement accepter cet état d’équilibre instable, ou faut-il prendre des mesures pour tenter de le résorber en faveur de l’État ukrainien, dont la souveraineté a été violée? Plusieurs États ont imposé des sanctions à la Russie. Mais ces sanctions, dans bien des cas, ne rejoignent pas les bonnes cibles : elles affectent la population russe, qui n’est certainement pas aussi responsable que ses dirigeants, ou encore elles visent les oligarques, qui peuvent les encaisser. 

Faut-il alors aller jusqu’à envisager de faire la guerre avec l’Ukraine contre la Russie? L’article 51 de la Charte des Nations Unies autorise l’Ukraine, en position de légitime défense, à protéger son territoire. Le même article prévoit qu’elle a également le droit de demander de l’aide à d’autres pays pour se défendre. Plusieurs pays, dont le Canada, ont fourni à l’Ukraine un appui financier et du matériel militaire. Mais aucun pays n’a encore voulu envoyer ses propres troupes en territoire ukrainien. 

Il faut bien dire qu’attaquer la Russie sur son territoire reviendrait aussi à violer sa souveraineté. Une action qui ne pourrait être autorisée que si le Conseil de sécurité de l’ONU voyait l’urgence d’une intervention humanitaire pour mettre fin à des exactions commises par le gouvernement russe sur sa propre population. Ce qui n’est pas directement le cas, même si l’on sait que plusieurs droits sont brimés en ce pays. Du point de vue du droit international, la seule action militairement justifiable serait d’aider l’Ukraine à regagner l’intégralité de son territoire. 

Cette possibilité doit être sérieusement considérée. Car la violation de la souveraineté d’un pays est une violation de la souveraineté de tous les pays. En l’occurrence, elle est d’autant plus grave qu’elle est commise par un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. 

En l’espèce, accepter le statu quo revient à cracher au visage du droit international qui, depuis plusieurs années, cherche tant bien que mal à définir un cadre légal susceptible d’assurer entre les pays la paix la plus durable qui soit.