C’est une étude plutôt intéressante que Statistique Canada a récemment dévoilée. Ces données incluent des renseignements relatifs à 111 établissements publics décernant des grades universitaires qui comptaient 47 799 membres du personnel enseignant à plein temps en 2021-2022, précise l’institution. 

En plus de la parité, Statistique Canada donne quelques informations sur le vieillissement du personnel enseignant à plein temps. En 2021-2022, environ 1 membre du personnel enseignant à plein temps des universités sur 10 (11,5 %) avait 65 ans ou plus, comparativement à 1 sur 100 (0,8 %) 50 ans plus tôt. Selon Statistique Canada, ces chiffres peuvent s’expliquer pour deux raisons. D’abord, il y a le vieillissement de la génération des baby-boomers, puis au milieu des années 2000, ça a été la fin des dispositions législatives sur la retraite obligatoire dans la plupart des provinces. Pour le Manitoba, cette abolition a été actée dans les années 1980. « C’est un phénomène qu’on va vivre, si on ne le vit pas déjà », lance Athalie Arnal, directrice des ressources humaines de l’Université de Saint-Boniface (USB). En ce qui concerne l’USB justement, la moyenne d’âge du corps professoral universitaire est de 53 ans et le pourcentage de membres âgés de 55 ans et plus est de 47 %.

Parité, de réelles avancées 

Sur la question de la parité, on remarque une évolution exponentielle sur les 50 dernières années. En 1971-1972, les femmes représentaient 12,7 % du personnel enseignant à plein temps, cette proportion atteignait 42,1 % en 2021-2022, et la plus grande partie de la hausse a eu lieu au cours des 20 années précédentes, constate Statistique Canada. 

À l’USB, c’est un sujet qui tient à coeur à l’établissement. Athalie Arnal, qui occupe le poste de directrice des ressources humaines depuis cinq ans, démontre que l’université suit cette progression. « Déjà, pour les membres du personnel global, 61 % sont des femmes. Pour l’équipe de direction, 50 % sont des femmes. En ce qui concerne le corps professoral, il faut rappeler qu’à l’USB il y a un côté universitaire et un côté collégial. Pour l’universitaire, 55 % de nos enseignants sont des femmes. Côté collégial, c’est 68 %. » 

En revanche, là où il reste du travail, c’est la parité parmi les rangs supérieurs. En effet, en général, les professeurs universitaires commencent au rang de professeur adjoint. Pour ce rang, la parité a été atteinte en 2017-2018. Vient ensuite le rang de professeur associé. En 2021-2022, la proportion de femmes ayant un poste de professeure associée était de 44,3 %, une proportion cinq fois plus élevée qu’en 1971-1972, lorsqu’elles représentaient 8,7 % des professeurs associés, rappelle Statistique Canada. 

« Dans les derniers 20 ans, on a embauché plus de femmes, il y a eu plus de femmes étudiantes, doctorantes et plus de femmes qui ont fait ce cheminement professionnel. » 

Athalie Arnal

Nette différence

Mais, c’est bien au rang de professeur titulaire qu’il reste la plus nette différence. 3 sur 10 (31,4 %) étaient des femmes en 2021-2022. L’organisme gouvernemental souligne tout de même que cette proportion est presque 10 fois plus élevée qu’en 1971-1972 (3,5 %). 

Cette réalité existe aussi à l’USB. L’établissement francophone comptait 18 % d’enseignantes titulaires en 2017, chiffre qui a augmenté à 38 % en 2022. « L’année prochaine sera aussi plus élevée, le processus est en cours actuellement. On a fait énormément de progrès ces dernières années à l’USB. Mais compte tenu notamment de la sous-représentation historique des femmes, il y a encore du chemin à faire », explique Athalie Arnal, qui rappelle, par la même occasion, que les femmes n’ont fait leur entrée dans les salles de classe de l’USB qu’à partir de 1959. 

La société change 

La directrice des ressources humaines souligne que cette amélioration est le fruit d’un travail qui a eu lieu depuis plus d’une dizaine d’années. Si l’USB a longtemps souffert pour des raisons historiques sur ce sujet, Athalie Arnal rappelle aussi que le processus pour devenir professeur titulaire prend du temps. « C’est un processus très structuré qui existe dans les universités. La titularisation est une promotion qui est accordée en fonction de trois facteurs, ici, à l’USB : la recherche, l’enseignement et le service à la communauté. De professeur adjoint à professeur agrégé, ça prend quatre ans. Et après plus de sept ans en tant que professeur agrégé, il est possible de faire une demande pour accéder au rang de titulaire. » 

Athalie Arnal signale qu’il a fallu aussi du temps à la société en général pour laisser plus de place aux femmes dans le marché du travail. « Dans les derniers 20 ans, on a embauché plus de femmes, il y a eu plus de femmes étudiantes, doctorantes et plus de femmes qui ont fait ce cheminement professionnel. » 

L’USB s’est d’ailleurs engagée sur les questions d’équité en matière d’emploi, mais aussi sur les sujets de diversité et d’inclusion. Malgré tout, il reste des obstacles à franchir. « J’imagine qu’il y a toujours des stéréotypes quand ça vient au genre. Il y a des obstacles individuels, culturels, structurels qui existent. Mais, c’est un enjeu important auquel on est très attentifs.