Le monde touche à sa fin et c’est une voix désincarnée aux intonations robotiques qui nous l’annonce. 

Mais tout n’est pas perdu, en tout cas pas encore. Dans les bureaux gouvernementaux d’une agence de l’ONU, l’avenir du monde repose sur les épaules d’un ingénieur informatique en short et en sandales dont la mission est de sauver le monde en « nettoyant internet ». Une femme de ménage caustique (Aminata Touré) et un homme d’affaires discret (Henri Thomas). 

La pièce entière est un huis clos entre ces trois personnages que tout oppose. C’est donc au travers des dialogues que l’on nous dresse le portrait sévère et quelque peu méprisant de notre société connectée. 

Au-delà des personnages, les réflexions sur le sujet de l’intelligence artificielle et du numérique m’ont paru un peu clichées… C’est peut-être parce que je suis justement le fruit de la génération, consoles, téléphone intelligent et Internet? 

La pièce ne rate pas pour autant ce qu’elle entreprend. On s’attaque à de grands sujets qui interrogent depuis 

des dizaines d’années. Mais ça manque parfois d’impact. Le personnage de Koumba (Aminata Touré) est drôle, cinglant et critique, mais ses observations, ses reproches, sont parfois trop simplistes et ne trouvent pas vraiment de répondant chez ses interlocuteurs. Or le personnage prend tellement de place, qu’il semble porter à lui seul toutes les réflexions du script. Et ces dernières sont nombreuses. Relations humaines, la place de la machine, de l’IA, l’écologie, le monde du travail, la transmission, la culture et la spiritualité. 

Du bon aussi. La mise en scène de Geneviève Pelletier et Karim Troussi très élégante, est parfaitement dans le thème. Les acteurs sont convaincants et ne manqueront pas de vous faire sourire. Les interventions de Sylvia, la philosophe numérique, aussi sont une excellente idée comique. 

Finalement, Empreinte(s) tente, en 70 minutes, de peindre la fresque gigantesque de notre monde moderne. Avec ambition, franc-parler, et un peu de maladresse, on nous invite à réfléchir sur les empreintes que notre mode de vie laisse sur notre terre. 

Empreinte(s) sera présentée jusqu’au 25 mars au Théâtre Cercle Molière, 340 boulevard Provencher. Renseignements : 204 233-8053 ou au www.cerclemoliere.com