Un peu avant ce mois tragique de mars 2020, plusieurs pays annonçaient de plus en plus de personnes atteintes par la maladie. C’est le cas du Canada qui confirmait son premier cas présumé de COVID-19 le 25 janvier 2020.
Trois années sont passées depuis ces évènements et avec elles des moments de confinement, des masques, des gestes barrières, des restrictions, des variants, des traitements, puis des vaccins ont permis de ralentir et freiner la maladie.
Malgré tout, même si l’on en parle moins, la COVID-19 est toujours bel et bien là. En date du 13 mars 2023, Santé Canada rapportait encore 8688 cas déclarés hebdomadaires et 129 décès. Julie Lajoie, professeure associée en immunologie et virologie à l’Université du Manitoba, fait le point sur la situation qu’on vit présentement. « La face la plus active de la pandémie notamment la première année, là où tout le monde était surpris et dépassé, on a passé ce stade-là. Notamment, grâce à la vaccination. Oui, on a encore des cas sévères, les hôpitaux vivent des pics. On ne parle plus de vagues, mais plutôt de vaguelettes qui apportent son lot de pression à nos hôpitaux. Au Manitoba, par exemple, on compte encore cinq à dix décès par semaine, c’est quand même considérable. »
Pour rappel, à propos de la vaccination, 80,7 % de la population totale avaient reçu au moins deux doses de vaccin en date du 26 février 2023.
Alerte sur la COVID longue
Si le plus gros de la COVID-19 semble donc derrière nous, les chiffres démontrent que la maladie existe encore. Autre élément qui préoccupe Julie Lajoie est la COVID longue. Encore beaucoup de mystères entourent cette évolution de la maladie qui entraîne des symptômes chroniques plusieurs mois après l’infection.
Statistique Canada dévoilait en octobre 2022 quelques données à propos de la COVID longue. Parmi les personnes ayant indiqué avoir obtenu un résultat de test positif ou avoir soupçonné une infection à la COVID-19, 14,8 % avaient des symptômes trois mois ou plus après leur infection. Cela représente approximativement 1,4 million d’adultes canadiens.
Plus récemment, la conseillère scientifique en chef du Canada, la Dre Mona Nemer, indiquait qu’environ 10 à 20 % des personnes atteintes de la COVID-19 développent un syndrome post-COVID après avoir récupéré d’une infection au coronavirus.
Le symptôme persistant le plus souvent déclaré était la fatigue (72,1 %), suivie de la toux (39,3 %), de l’essoufflement (38,5 %) et du brouillard mental (32,9 %). « Nos médecins de famille voient soudainement des gens en santé arriver avec de multiples symptômes. On ne sait pas les référer et surtout on ne sait pas les traiter. On n’est donc plus dans la phase aiguë de la pandémie, mais on est dans une nouvelle phase. Est-ce que c’est ça qu’on va appeler endémique? Peut-être, mais l’impact reste énorme, car il y a beaucoup de longs COVID avec également des problèmes cardiaques et de diabète qui apparaissent. Et ça, on ne comprend pas encore pourquoi », détaille Julie Lajoie.
La spécialiste explique par ailleurs qu’il existe dans certaines provinces des pro-grammes pour suivre ces patients, mais la demande est forte et les moyens ne sont pas au rendez-vous. « Présentement, on n’a ni les connaissances, ni les traitements, ni les ressources pour vraiment aider tous ces gens », lance Julie Lajoie.
Des leçons à retenir
Si demain, une nouvelle pandémie se déclarait, serions-nous prêts ou mieux préparés à y faire face? Quelles leçons avons-nous retenues collectivement de la pandémie ? D’un point de vue médical d’abord, les solutions trouvées par les scientifiques dans un délai si court relèvent de l’exploit. « Avoir un vaccin en un an et demi, c’est une avancée majeure. Sans ça, on aurait eu beaucoup plus de malades et de décès. C’est aussi dû à des années recherche et de financements en amont qui ont permis à la technologie d’être à la pointe quand on en a eu besoin », indique Julie Lajoie.
La professeure reste en revanche un peu plus dubitative en ce qui concerne les pays et les êtres humains. « Oui, on sait agir plus rapidement. On sait ce qui a marché ou pas. Mais un nouveau virus arriverait aussi avec de nouvelles difficultés. On arrive aussi à un niveau de la pandémie où il y a beaucoup de désinformation.
Il y a un clivage qui est devenu malheureusement politique, ce qui rendrait difficile de réunir la population. On est encore en pandémie, mais les gens ne le voient plus. Il y a encore du travail à faire pour une prochaine pandémie ou même celle-ci si demain on se retrouvait avec un nouveau variant incontrôlable. Mais les gens avaient une soif de retour à la normale, peut-être que ce nouveau normal a été moins bien expliqué. »