Marine Ernoult

« Face à l’urgence de la crise environnementale, le pire, c’est de rester passif. On veut aider les jeunes à lutter contre leur écoanxiété, leur permettre d’exprimer leurs peurs et leurs émotions négatives à travers l’art », explique Elsa Morin, animatrice d’ateliers et d’évènements au sein d’EcoNova, un organisme d’éducation à l’environnement et au climat, basé à Vancouver.

L’association organise un concours de bandes dessinées intitulé « Le Futur se dessine! ». La compétition est réservée aux francophones et francophones de langue seconde en milieu minoritaire, âgés de 8 à 19 ans.

« Il n’y a pas besoin d’être parfaitement bilingue, au contraire, la bande dessinée est une porte d’entrée pour s’essayer au français, insiste Elsa Morin. C’est moins effrayant qu’un livre pour donner le gout de la langue. »

Les jeunes peuvent participer à titre individuel, mais des enseignants ont également la possibilité d’inscrire une classe entière. Jusqu’à 11 ans, les enfants doivent soumettre une planche, écrite majoritairement en français. De 11 à 19 ans, ils doivent en concevoir deux. Tous les thèmes sont acceptés, que ce soit le récit intime, la science-fiction, l’aventure, ou encore l’humour.

Une image, une infinité de mots 

« On fait appel à l’énergie et la créativité des jeunes. Ils vont pouvoir mettre en scène le futur qu’ils souhaitent pour notre planète, proposer des solutions et une vision concrète d’une société plus verte », détaille Elsa Morin.

« On a besoin de nouvelles formes de récits pour parler d’écologie et sensibiliser les enfants et les adolescents. La bande dessinée est un médium parfait pour ça », complète Nina Six, l’une des deux membres du jury qui évaluera les œuvres envoyées à EcoNova.

L’autrice de bande dessinée belge évoque les liens entre le neuvième art et l’écologie : « Pour que le monde aille mieux, on doit faire plus attention à la nature, lui accorder de notre temps. C’est la même chose quand on est devant une bande dessinée, on doit lire doucement, prêter attention aux moindres détails d’une image, car elle peut véhiculer à elle seule énormément d’idées. »

« La bande dessinée est très accessible et permet de toucher un large public. Les dessins facilitent la compréhension de sujets complexes, contribuent à vulgariser des concepts scientifiques », explique Elsa Morin.

Les deux jeunes femmes constatent d’ailleurs le succès grandissant en librairie du neuvième art, consacré à l’écologie.

Inventer un monde plus vert

« Les lecteurs sont touchés par la sensibilité de l’auteur, sa perception du monde. Ils sont comme happés par les émotions qui transparaissent à chaque page », avance Nina Six, qui a publié Les Pissenlits en 2022. Il s’agit de l’histoire d’enfants qui s’aventurent dans la mystérieuse végétation d’un camping français et en ressortent transformés.

« Les auteurs partagent leur point de vue subjectif sur la crise que nous vivons. C’est un plus par rapport aux livres scientifiques, ça rend les défis plus humains, moins abstraits, ça parle aux gens », poursuit Elsa Morin.

EcoNova compte attirer quelques centaines de participants de tout le pays. L’ensemble des concurrents recevront des cadeaux, mais seuls les lauréats exposeront leurs planches originales en Colombie-Britannique. L’organisation aimerait également les afficher dans des centres culturels de différentes régions canadiennes.

Avec ce concours, les organisateurs espèrent voir émerger de nouveaux talents. Aux yeux d’Elsa Morin, les artistes contribueront à changer les mentalités et à démocratiser des modes de vie plus durables : « La culture fait partie des solutions pour façonner un monde meilleur. »

Y PARTICIPER : Le concours de bande dessinée écologique «Le futur se dessine!» est ouvert jusqu’au 20 avril 2023. Pour s’inscrire : https://econova.ca/le-futur-se-dessine/