Inès Lombardo, Mélanie Tremblay

En tout, la ministre des Finances, Chrystia Freeland a annoncé réserver près de 3,8 milliards sur cinq ans pour le prochain Plan d’action pour les langues officielles. Le nouveau financement, qui s’élève à 1 077 400 000 $ s’ajoute aux 2,8 milliards déjà inclus dans le Plan d’action précédent, qui arrive à échéance le 31 mars 2023.

En 2022, ni le budget fédéral ni l’énoncé économique de novembre ne comprenaient de mesures supplémentaires pour les langues officielles ou la francophonie.

Plus d’un demi-milliard pour l’enseignement de la langue de la minorité

Le gouvernement investit 679,2 millions sur cinq ans dès 2023-2024 dans l’accès égal à des services d’enseignement « de qualité égale » dans la langue de la minorité. Cette somme, gérée par Patrimoine canadien, servira aussi à offrir des possibilités d’apprentissage de la langue seconde et à offrir des services gouvernementaux bilingues dans l’ensemble du Canada.

Le budget fédéral ne réserve aucune somme pour les établissements postsecondaires, en contexte minoritaire ou majoritaire. Le gouvernement vise les étudiants en consacrant 813,6 millions dans l’amélioration de l’aide financière et en faisant passer le plafond des retraits pour les régimes enregistrés d’épargnes études (REEE) de 5000 $ à 8000.

Peu pour les organismes communautaires, rien pour les médias

Une somme de 373,7 millions sur cinq ans, dès 2023-2024, est répartie en quatre piliers, avec l’immigration francophone en tête.

Toutes les sommes couvrent une période de cinq ans

  • 123,2 millions — Immigration francophone 
    Somme destinée principalement à l’appui au recrutement des travailleurs francophones et à l’augmentation de l’aide fournie aux immigrants après leur arrivée.
  • 117 millions — Services en français
    Sommes divisées entre les organismes sans but lucratif, la formation d’infirmières et de préposés aux soins aux personnes bilingues et à la promotion de la recherche en français.
  • 111,4 millions — Bilinguisme dans la justice, activités culturelles et petite enfance 
    Somme divisée entre le soutien au bilinguisme dans la justice canadienne, l’appui aux activités culturelles et à la formation d’éducatrices et éducateurs de la petite enfance dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
  • 25,5 millions – Programme de contestation judiciaire
    Somme destinée à fournir de l’aide dans les dossiers juridiques d’importance nationale qui clarifient et confirment certains droits en matière de langues officielles et de droits de la personne.

22,1 millions — Respect de l’application de la Loi sur les langues officielles
Somme destinée au financement d’un centre d’expertise qui veillera à ce que les institutions fédérales se soumettent à leurs obligations inscrites dans la Loi sur les langues officielles.

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) a demandé l’automne dernier un financement de 300 millions pour les organismes francophones en situation minoritaire, en mal de financement. Selon le budget de cette année, ces organismes devront se partager 117 millions sur cinq ans avec d’autres initiatives appuyées par le gouvernement fédéral.

La création d’un programme économique à part pour l’immigration francophone ne fait pas partie du budget 2023, tel que l’avaient demandé des experts.

Peu pour les arts et la culture

Le Fonds des médias du Canada, piloté par Patrimoine canadien, recevra 40 millions sur deux ans entre 2023 et 2025, pour appuyer la sous-représentation dans les médias et l’augmentation au contenu de langue française à l’écran. Le budget réserve aussi 14 millions sur deux ans pour développer les communautés par le biais des arts et du patrimoine et 10 millions sur deux ans pour l’Office national du film.

Aucune somme n’est annoncée pour appuyer le secteur des médias spécifiquement. La plateforme TV5MONDEplus recevra quatre-millions sur deux ans à compter de 2024-2025.