Le budget de 1,3 milliard $ de la Ville de Winnipeg a été adopté le 22 mars dernier avec 14 voix pour et 2 voix contre. Le conseiller municipal de Saint-Boniface, Matt Allard, a voté contre le budget d’immobilisation et contre le budget de fonctionnement en raison de préoccupations sur la viabilité de l’orientation budgétaire. 

En effet, le budget prévoit, entre autres, 567 millions $ dans des projets d’immobilisation incluant une étude sur l’élargissement du boulevard Kenaston et l’élargissement du chemin Chief Peguis. 

Ces investissements n’ont pas réjoui le conseiller municipal. « J’étais très critique du budget dans son ensemble. Ces projets coûteraient plus d’un milliard $. Sauf que ces projets ne sont vraiment en ligne avec les autres politiques de la Ville. 

« Par exemple, le conseil a adopté le fait que d’ici 2030, 50 % des gens qui se rendent au travail devraient le faire dans un mode de transport autre qu’une voiture. C’est un chiffre qui ne bouge pas rapidement, et les expansions de ces routes n’engageront pas les personnes à se diriger vers le transport actif. » 

Pour Matt Allard, c’est aussi une question de quelle société la Ville de Winnipeg veut laisser à ses enfants. « Après avoir lu le rapport des Nations Unies, je me suis projeté dans l’avenir, en m’imaginant à 80 ans. Ma fille sera dans sa cinquantaine. Avec les directions que prend la Ville, j’imagine un environnement avec d’énormes problèmes climatiques. Elle sera dans son plein droit de se questionner sur ce qu’ont fait les politiciens à l’époque pour s’engager dans la lutte contre le changement climatique. 

Valeur

« C’est aussi une question de durabilité. Avec le temps, le prix de l’essence va certainement continuer d’augmenter, alors préparons-nous et offrons d’autres occasions aux gens. Si nous n’avons pas ces occasions, notre ville va perdre de la valeur. » 

Pour lui, l’argent investi dans l’élargissement des routes pourrait servir à d’autres projets avec un impact plus important. « J’ai aussi souligné au conseil que la construction de nouveaux chemins ou l’expansion de chemins existants n’était pas une réponse au problème de congestion. Il y a plusieurs villes en Amérique du Nord que nous pouvons prendre en exemple pour voir que ce n’est pas la bonne solution. Je pense notamment à Los Angeles. 

« Il faut encourager le transport actif. Nous n’avons pas les fonds pour entretenir nos infrastructures actuelles. Alors en ajouter n’est pas une bonne idée. Le coût d’opportunité est bien plus intéressant pour le transport en commun. 

« Avec l’argent investi dans les projets d’immobilisation, la Ville pourrait mettre en oeuvre tout son plan maître en transport actif. J’aimerais qu’on s’en aille dans cette direction-là avec le budget. Sauf qu’on s’en éloigne. » 

Outre sa contestation, Matt Allard avait fait valoir une motion avec des modifications du budget. Il était prêt à soutenir le budget seulement si le conseil approuvait un financement de 200 000 $ pour appuyer l’organisme Saint-Boniface Street Links. Cette proposition n’a pas été adoptée.