Pour son deuxième album en solo, l’ancienne membre de Chic Gamine et Madrigaïa note une évolution. « J’ai pris plus de temps, cette fois-ci, pour penser à mon affaire. Mes textes sont plus recherchés et j’ai moins douté sur mes idées musicales. Je commence à être plus sûre de mon processus créatif », souligne Ariane Jean.
Comme Sala aime particulièrement créer avec d’autres personnes, elle a discuté quelques-uns de ses textes avec son père, l’artiste Gérard Jean, alias Ziz, nommé au sein de l’Ordre du Canada, pour sa contribution au rayonnement de la chanson franco-manitobaine.
«Il y a des textes que j’ai écrit seule, d’autres que j’ai travaillés avec mon père. Il m’aide toujours à trouver mes mots quand j’ai de la misère. J’ai plein d’ami.e.s aussi qui sont excellent.e.s écrivain.e.s et à qui je demande conseil », ajoute-t- elle.
Avec un style de pop-saoul et des influences de jazz, les six chansons qui composent l’album questionnent l’histoire familiale de l’artiste franco-manitobaine, sa carrière artistique, ses doutes et son parcours personnel.
« Dans cet album enveloppant, composé de six chansons intimes et presque mélancoliques, on retrouve toute l’ouverture, la douceur, l’âme et la sophistication de Sala. Surface nous plonge dans des instrumentations trippantes qui évoquent l’introspection d’après-midis pluvieuses et de matins brumeux. Elle crée des nappes vocales sur lesquelles se pose son soprano aérien », indique dans un communiqué Indie Montréal (IMTL), une entreprise qui assure l’accompagnement et la promotion des artistes.
« Mes grands-parents ont été les gardiens de notre histoire et ils ont été enterrés avec ces secrets. Il y a une partie de moi que je ne connais pas, parce qu’elle m’a été cachée. »
Ariane Jean
Les racines comme source d’inspiration
Son single Nos secrets, disponible depuis fin janvier sur les plateformes numériques, donne un avant-goût sur l’esprit de l’album. Le texte a été co-écrit avec Annick Brémault, une des anciennes collègues de Sala à Chic Gamine et Madrigaïa.
Dès les premières paroles, Sala entre dans le vif du sujet : « Interdits, muets, ces gardiens d’un mystère qu’on croit sacré, restés à jamais figés dans le temps, à huis clos, en rangs serrés. Amassés, tous les faits d’une histoire qui s’est elle-même ternie. Résignée à sauver les apparences, à se consigner à l’oubli (…) ».
Pour l’artiste, ce single porte particulièrement bien son nom. « Depuis quelque temps, je me suis rendu compte que des deux cotés de mes grands-parents, il y a eu des secrets familiaux qui ne se sont pas rendus jusqu’à ma génération. Mes grands-parents ont été les gardiens de notre histoire et ils ont été enterrés avec ces secrets. Il y a une partie de moi que je ne connais pas, parce qu’elle m’a été cachée », confie-t-elle.
Sala affirme qu’elle n’était pas une enfant qui se questionnait beaucoup. Ce changement qui s’opère dans sa vie, lui donne cependant de la matière.
« Plus je vieillis, plus je fais un retour aux racines. Évidemment, ce sont autant de raisons pour moi pour écrire et produire artistiquement. Maintenant, j’essaie de creuser pour aller au fond de mes idées, aussi. C’est intéressant, parce que je n’ai jamais été ainsi », lâche-t-elle.
Des questionnements
Ce n’est pas un hasard, d’ailleurs, si le mot Surface a été donné pour nom à l’album. Ariane Jean questionne aussi le monde artistique dans lequel elle évolue.
« J’ai trouvé que c’était fort comme mot. Il décrit très bien le monde dans lequel on vit et que je trouve souvent superficiel. L’industrie de la musique joue beaucoup en surface. Elle impose beaucoup de codes aux femmes, dans le sens où c’est très important d’être jolie et jeune… », relève-t-elle.
Pourtant, Sala dit assumer pleinement son monde et le côté « surface » qui va de pair avec sa carrière.
Pour son spectacle du 15 avril, au CCFM, où elle sera accompagnée par trois musiciens, l’artiste a mis le paquet sur l’aspect design, pour donner une dimension esthétique et visuelle à l’évènement.
« C’est cela aussi le côté ‘’surface’’! Un artiste de la musique ne va pas faire aujourd’hui que de la musique. Il faut avoir du visuel et nous préparons des costumes spéciaux pour l’évènement. Eh oui, j’ai grandi moi-même dans ce monde superficiel et j’y participe. Puis j’aime cela à un certain niveau », conclut-elle.