Puisque l’usage de carburants comme l’essence et le diesel produit des gaz à effet de serre qui réchauffent la planète, le gouvernement canadien a imposé une taxe sur les émissions de dioxyde de carbone. Dans la lutte contre le réchauffement climatique, cette mesure est un outil qui, par exemple, vise à encourager l’usage du transport en commun, de véhicules électriques et de panneaux solaires.

Deux rapports publiés la semaine dernière ont alimenté le débat politique sur cette taxe. Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a déposé à la Chambre des communes un rapport indiquant qu’en 2021, la plupart des Canadiens ont reçu un remboursement plus élevé que ce qu’ils avaient payé en taxe. Au Manitoba, par exemple, la taxe moyenne était de 462 $ par ménage alors que le remboursement moyen était de 705 $.

De son côté, le bureau du Directeur parlementaire du budget publiait une projection de l’impact de la taxe d’ici 2030. En tenant compte seulement de son coût, la plupart des ménages enregistreraient un gain net d’ici la fin de la décennie, alors que pourtant la taxe elle-même passera de 65 $ la tonne d’équivalent en dioxyde de carbone à 170 $ en 2030-2031.

Le bureau du Directeur parlementaire du budget pousse cependant son analyse plus loin en tenant compte de la baisse potentielle des revenus et des pertes d’emplois attribuables à la taxe. Il conclut que son impact économique global serait négatif. Selon ses calculs, le coût net au Manitoba passerait à 1 490 $ par ménage en moyenne en 2030-2031.

Cette conclusion a relancé le débat sur la façon dont le gouvernement a choisi de répondre au défi du changement climatique. Pierre Poilievre du Parti conservateur s’y oppose vigoureusement depuis des années. Il accuse maintenant le gouvernement d’induire les Canadiens en erreur quant au coût réel de cette taxe.

Mais Steven Guilbeault rétorque que le Directeur parlementaire du budget admet les limites de son évaluation, puisqu’elle ne tient pas compte des dommages économiques que le changement climatique lui-même causera. De plus, cette analyse néglige de mentionner des milliers d’emplois supplémentaires qui seront créés pour atteindre la carboneutralité.

Indépendamment des calculs complexes des spécialistes, il est indéniable que le Canada doit faire sa part pour modérer le réchauffement de la planète et ses conséquences désastreuses.

Les générations futures nous jugeront sévèrement si nous limitons notre action à des considérations financières à court terme alors que nous sommes appelés à agir à long terme.