L’accueil des familles immigrantes dans les communautés scolaires francophones n’est pas toujours chose facile. Pour répondre à ce genre de difficultés, la FPFM a mis en place, depuis 2020, un programme d’intégration appelé AMIS, et qui permet de sensibiliser sur cet enjeu.

« Ce projet consiste en la planification et la coordination des services et des ressources visant à répondre à court et moyen termes aux besoins des familles nouvellement arrivées en vue d’une intégration optimale dans les milieux scolaires », explique Leila Boulefa Oussedik, responsable des communications et du projet d’accueil et d’intégration des parents immigrants en milieu scolaire à la FPFM.

Les conversations pour et autour des nouveaux arrivants, qui découlent aussi de préoccupations soulevées par les parents immigrants, sont organisées dans le cadre de ce projet. La prochaine rencontre sera animée par Mireille Kazadi, directrice de l’école Taché. Les organisateurs s’attendent à accueillir une vingtaine de participants pour échanger sans tabous. (2)

« Les parents immigrants laissent voir plusieurs lacunes à combler dans les écoles en matière d’accueil et d’intégration. Ils évoquent l’importance de la participation parentale dans le parcours scolaire de leurs enfants (…), mais ils ne détiennent que très peu d’informations sur le milieu et le système scolaire qu’ils intègrent », indique Leila Boulefa Oussedik.

L’experte des communications de la FPFM pense que les défis rencontrés de part et d’autre sont liés à la communication.

« Il faut comprendre qu’un parent issu de l’immigration ne connaît pas forcément le système scolaire, ici. Il a donc besoin d’un accompagnement pour mieux comprendre les attentes de l’école, des enseignants et de la direction. Ces derniers doivent aussi prendre le temps de connaître l’environnement de l’enfant afin de l’appuyer au mieux, et ce, en collaboration avec les parents », ajoute-t-elle.

Environnement scolaire accueillant

La FPFM souhaite donc à travers ce projet contribuer à un environnement scolaire accueil- lant. Leila Boulefa Oussedik considère que le fait d’avoir des communautés francophones plus inclusives « favorise la par- ticipation des parents comme principaux acteurs de la sco- larité de l’enfant tout en encour- ageant une culture de respect et d’appartenance ».

Leila Boulefa Oussedik affirme que les parents ont affiché leur satisfaction à la suite de ces rencontres et ont bien accueilli l’initiative.

« Après tout, être parents en général n’est pas facile, mais être parents immigrants est encore plus difficile. Cependant, la ressemblance et l’importance d’augmenter son cercle social et tisser des liens s’appliquent à tous les parents de tous les horizons », fait-elle remarquer.

Le parcours d’une maman immigrante

Hayat Chikirou, originaire d’Algérie, est arrivée à Winnipeg en juin 2022, avec son mari et ses deux enfants. Sa fille aînée, âgée de 17 ans, est en 11e année au Collège Louis- Riel, et son jeune garçon, âgé de 7 ans, est en deuxième année à l’École Taché.

« La difficulté pour nous, c’était d’abord de savoir dans quelle division il fallait inscrire nos enfants, comme nous som- mes dans une province anglo- phone. Le choix s’est imposé de lui même, comme mon jeune garçon n’arrivait pas pendant l’été à se faire des amis dans les parcs, où les enfants de son âge parlent majoritairement anglais. Lui-même, il nous a demandé de l’inscrire dans une école franco- phone », témoigne-t-elle.

Passé ce cap, Hayat Chikirou allait être confrontée à un problème de communication, pour le suivi et l’intégration de son enfant. « En Algérie, je me rendais directement à l’école pour parler aux enseignants ou à la directrice. J’ai fini par comprendre que tout se fait par courriel, ici, pour le suivi de ses enfants. Pour des parents qui viennent d’arriver, nous avions besoin d’un contact direct pour comprendre. Nous avions beaucoup de questions à poser », raconte-telle.

La maman avait peur de voir son enfant lui faire des crises de larmes, comme il venait de se séparer de ses cousins et de ses amis. Elle voulait donc l’occuper avec des activités sportives et elle n’avait obtenu la bonne information que vers le mois de décembre 2022. « À travers l’Accueil francophone, la Ville de Winnipeg offre, la première année, un abonnement gratuit aux nouveaux arrivants, pour différentes activités sportives. J’ai appris cela d’une amie que j’ai rencontrée à la FPFM », ajoute-t-elle.

Des aides grâce à l’organisme

Hayat Chikirou avait d’ailleurs découvert l’existence de la FPFM par pur hasard. « Nous étions en famille en train de pique-niquer, sur une table, à côté du Crée et je remarquais des mamans qui entraient dans un édifice pour ressortir un moment après avec des enfants. J’ai été me renseigner et cela a changé ma vie », affirme-t-elle.

Hayet Chikirou et son mari se déplaçaient constamment les premiers mois de leur arrivée pour notamment des questions de paperasse. Ils devaient, à chaque fois, prendre avec eux leurs enfants. À travers le Crée, la FPFM leur a offert plus qu’une garderie. Même des amis à leur jeune garçon.

La maman, elle aussi, s’est faite des amies à travers l’organisme et elle a participé, avec sa fille aînée, à une formation sur l’art de lire des histoires à des enfants. Hayat Chikirou travaille aujourd’hui comme monitrice de langue française dans une école d’immersion. Elle affirme avoir développé elle-même ce réflexe d’aller vers les gens aussitôt qu’elle réalise qu’ils sont des nouveaux arrivants. « J’ai moi même souffert du manque d’information et je n’hésite jamais pour montrer aux familles immigrantes le chemin et les bonnes adresses pour bien s’installer », lance-t- elle, fièrement.

(1) La conversation aura lieu entre 17 h 30 et 19 h.

(2) Un souper sera offert et un service gratuit de garde d’enfants sera mis à la disposition des participants.