Nathalie Kleinschmit a quitté la direction de l’organisme de bienfaisance Forum Art Institute, pour rejoindre officiellement son nouveau poste, le 1er mai.

« Il s’agit d’une grande responsabilité. La Fondation est le grand parapluie de tous ces organismes qui font que les gens puissent vivre, travailler, étudier, se soigner, naître et mourir avec cette merveilleuse langue atour d’eux », exprime- t-elle avec beaucoup d’émotion.

La Franco-Manitobaine, dont la réputation dans la consultation et l’accompagnement des artistes et des organismes à acquérir des subventions n’est plus à faire, connaît bien la maison. Son parcours, riche et diversifié, l’a menée à interagir à maintes occasions avec Francofonds. C’était, entre autres, pendant son passage à Chez Rachel, en 2014, en tant que consultante en planification stratégique, et au 100Nons, entre 2015 et 2017, comme directrice générale. C’était le cas aussi pendant son intérim à la tête de Western Canadian Music Alliance (WCMA), entre 2018 et 2020.

« Nathalie Kleinschmit a interagi pendant des années avec la Fondation et cela a pesé dans le choix de son profil », indique Diane Leclercq, présidente du conseil d’administration de Francofonds, qui célèbre cette année son 45e anniversaire.

Sélection rigoureuse

Selon la présidente, après le lancement de l’appel à candidature fin janvier, le processus de sélection, entamé à la mi-février, s’est fait avec beaucoup d’attention, beaucoup d’entrevues et de demandes de références.

« Le comité de sélection a fait un travail rigoureux et dans la transparence. La candidature de Nathalie Kleinschmit était déterminante, eu égard à son parcours et à son expérience », souligne-t-elle.

Diane Leclercq affirme qu’il y a du pain sur la planche. À commencer par la mise en place d’une nouvelle planification stratégique de deux à trois années.

« Nous devons, d’une part, adapter notre planification au Plan stratégique général de la communauté franco- phone du Manitoba, et, d’une autre part, l’axer sur nos priori- tés, nos objectifs internes et les besoins des organismes que nous soutenons », précise-t-elle.

Une tâche que Nathalie Kleinschmit attend d’accomplir avec beaucoup d’enthousiasme.

Les axes majeurs

Titulaire d’un MBA en changement et innovation, de l’Institut de l’administration des entreprises (IAE) d’Aix en Provence, au sud de la France, la nouvelle directrice générale avait, justement, fait de son sujet de thèse un modèle de plan stratégique itératif. C’est dire que la planification est en plein dans ses compétences. Autre élément qui a beaucoup joué dans son recrutement.

Nathalie Kleinschmit se donne deux tâches majeures : augmenter les fonds, situés présentement à près de 15 millions $, en encourageant les personnes à donner plus. Ensuite, redistribuer les fonds, à travers des bourses pour des étudiants ou des subventions pour des organismes ou des artistes.

Les accomplissements de sa prédécesseure, qui vient de rejoindre la direction du CDEM, après dix ans de services, lui permettent d’aller sur de bonnes bases. Le travail fait par Madeleine Arbez, qualifié de « phénoménal » par Diane Leclercq, a été salué aussi par Nathalie Kleinschmit.

Pour ce faire donc, la nouvelle directrice générale compte consacrer la première phase à l’écoute, puis passer à l’action, avec la création d’un nouveau plan stratégique.

Nouveau plan stratégique

Elle se base, pour commencer, sur trois sources d’information : le parapluie du plan stratégique communautaire à l’échelle 2035, pour ce qui est du cadre global. Les partenaires, à savoir les donateurs d’un côté et les organismes d’un autre côté. La communauté, comme cela l’intéresse d’avoir les idées et les contributions des personnes qui ne demandent pas des subventions ou qui ne font pas de dons, actuellement.

« C’est déjà toute une minorité de personnes qui donnent à la charité. Ils le font de façon différente et à des fondations différentes. Je veux donc comprendre ce qui incite les gens à donner ou à ne pas donner », s’interroge-t-elle.

Dans un second temps, Nathalie Kleinschmit prévoit d’agir en interne, avec son équipe et son CA.

« Une fois les besoins ressentis et identifiés, avec l’équipe et les moyens que nous avons à notre disposition, nous allons pouvoir mettre en place un plan qui va remettre un cap de cinq ans. Ceci avec les objectifs mesurables que nous allons cibler sur une période de trois ans », dévoile-t-elle.

Le cheval de bataille

Mais le cheval de bataille de la nouvelle directrice générale va être surtout celui de l’allègement de l’outil d’accès aux subventions.

« Je veux alléger le travail des DG des associations. Lorsque nous sommes déjà à la base dans le manque de temps et de ressources, et que nous faisons le travail de plusieurs personnes, nous n’avons pas le temps d’aller chercher des subventions », relève-t-elle.

Nathalie Kleinschmit souhaite faire le travail de recherche et d’information à la place des associations, pour ensuite pouvoir les accompagner dans le processus. Ceci, qu’il s’agisse des subventions octroyées par Francofonds ou par des instituions et des organismes de la Province et du Fédéral.

« Je me demande si en tant que DG de Francofonds, je ne pourrais pas accompagner les associations dans leur demandes de subventions ailleurs que chez nous. Nos subventions sont assez petites et nous distribuons autour de 600 000 $ par an, alors qu’il y a des subventions au Conseil des arts du Canada ou à la Province qui sont pour ce montant », suggère-telle.

Système bien connu

Nathalie Kleinschmit, qui a aidé des artistes à obtenir des subventions dans le cadre de son entreprise privée de conseil et d’accompagnement, a aussi fait partie, à plusieurs reprises, des membres du jury du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts du Manitoba, dans le cadre de l’octroi de subventions. Elle connaît donc le système des deux bouts.

« Le Manitoba est très peu représenté au Conseil des arts du Canada, par exemple. Il y a très peu de subventions qui sont demandées de la part des associations de notre province. Alors qu’il y en a des masses en provenance de Toronto ou de Montréal… », atteste-t-elle.

Pour que les organismes francophones locaux puissent en prendre conscience, la nouvelle directrice générale envisage de mettre en place des ateliers de formations et des journées d’information. Cela lui semble « indispensable ».

« Je pense que nous sommes très pudiques dans la francophonie manitobaine, on ne parle pas assez d’argent. Je ne sais pas si c’est l’influence de nos origines catholiques ou si c’est simplement le fait de notre discrétion. Il faut être capable de reconnaître que l’argent nous donne le pouvoir de bien faire et de faire du bien », conclut-elle.