Depuis le début de la pandémie en 2020, beaucoup d’employeurs et d’employés se sont rendu compte qu’il était possible de fonctionner sans que tous les employés soient au bureau à tous les jours. Et ce qui a commencé dans l’urgence s’est rapidement installé comme une routine.

Les négociateurs de l’AFPC visaient, entre autres, à inscrire le droit de travailler à distance dans leur convention collective. Sans obtenir tout ce qu’ils demandaient, ils ont quand même fait accepter le droit de nombreux fonctionnaires de demander de travailler à domicile. À charge de leurs gestionnaires d’évaluer chaque cas individuellement et d’y répondre par écrit. Pour sa part, le gouvernement s’est engagé à réviser sa directive globale sur le télétravail.

Déjà le gouvernement fédéral reconnaît que le travail à distance pendant au moins une partie de chaque semaine est devenu un aspect permanent de la carrière de nombreux fonctionnaires. Et chose certaine, ce précédent sera reproduit dans des conventions collectives provinciales et municipales et dans le secteur privé dans les années à venir. D’ailleurs, au Manitoba, des entreprises telles que Wawanesa Mutual Insurance et Payworks permettent déjà au personnel de décider où il travaillera.

L’expansion du télétravail dans l’économie devrait avoir de nombreuses ramifications. Déjà les centres-villes sont moins fréquentés, les vitrines vacantes plus courantes, les trottoirs moins encombrés, les heures de pointe moins pressées. Moins de travailleurs faisant la navette entre leur domicile et le bureau signifie moins d’émissions de carbone, et les heures de temps perdues dans les déplacements peuvent être transformées en travail ou en loisirs supplémentaires.

Il y a cependant un prix à payer pour ces changements, au-delà des immeubles de bureaux vides du centre-ville. Une main-d’œuvre atomisée pourrait être moins en mesure de collaborer et de travailler de manière créative. Et les jeunes employés ne recevront peut-être pas le niveau de mentorat dont ils ont besoin de la part de collègues plus expérimentés.

Mais rien ne mettra fin à cette nouvelle réalité. D’ailleurs, un employeur qui exige que tout son personnel retourne au bureau pourrait vite découvrir qu’il a du mal à embaucher ou à retenir des employés à un temps où les pénuries de main-d’œuvre se multiplient.

Irrémédiablement, nous assistons à une transformation importante et rapide du marché du travail. Et la société canadienne dans son ensemble aura à s’y ajuster à mesure que nos centres-villes évoluent parce que de nouvelles habitudes de travail prennent racine.