Dans les quatre nids actifs, des centaines de mâles s’agglutinent autour d’une femelle qui, par la suite, peut donner naissance à plusieurs serpenteaux, parfois une dizaine. Le spectacle est impressionnant, voire hypnotique, alors les visiteurs sont nombreux et viennent parfois de très loin pour y assister.

Pour que la cohabitation se passe au mieux, un chemin d’interprétation de 3 kms ainsi que des plates-formes d’observation ont été aménagés pour les visiteurs.

Pour autant, les interactions avec les humains ne sont pas proscrites mais il est important qu’elles restent respectueuses comme l’explique Ibrahima Diallo, professeur de microbiologie à l’Université de Saint-Boniface. « Il faut faire très attention, ce sont des animaux que l’on peut facilement piétiner. Mais ils sont inoffensifs, on peut les ramasser et les tenir même s’il vaut mieux les laisser glisser sur notre main plutôt que de nous-même les saisir, car ils sont plus susceptibles de se défendre à ce moment-là. »

« Il ne faut pas les retenir trop longtemps non plus, ils ont besoin d’aller manger! » Effectivement, Ibrahima Diallo, qui est à l’origine de deux films documentaires sur les couleuvres de Narcisse, rappelle que l’instinct de reproduction est plus fort que l’instinct de survie chez ce serpent. Ainsi, lorsqu’ils sortent de leur hibernation, les mâles vont attendre les femelles, quoi qu’il en coûtent, quitte à en mourir de faim.

Narcisse
Les professionnels sur place montrent au public les bons gestes à adopter avec les serpents. (photo : La Liberté)

Population en baisse

Et c’est justement parce qu’il a souvent eu l’occasion d’assister à cette parade nuptiale annuelle que l’ancien vétérinaire a pu constater une nette diminution du nombre d’individus. « Les chiffres ont beaucoup changé, il y a 30 ans quand je m’y rendais, on parlait de 60 000 couleuvres dans les hibernacles. Certains depuis se sont effondrés, et aujourd’hui on ne parle plus que de quelques milliers. »

Une diminution qu’Ibrahima Diallo attribue à deux facteurs, un facteur humain d’abord. « Beaucoup d’entre eux se faisaient écraser sur la route, on disait même que la route en devenait glissante. » Des filets ont été installés depuis au bord des routes et des tunnels ont été créés pour permettre aux serpents de traverser sans danger. « Certains, par peur, les ont simplement massacrés. D’autres les ont simplement ramené chez eux pour en faire des animaux de compagnie. »

Finalement, le deuxième coupable serait le climat. « Le froid reste de plus en plus longtemps, alors certaines couleuvres épuisent leurs réserves avant le retour du beau temps. J’ai vu des serpents sortir des hibernacles et croquer de la neige. Leur survie dépend tellement de la chaleur… »