Renaissant des cendres sous un autre nom, le Musée de la rivière Winnipeg prend la place de l’ancien Musée de Saint- Georges. Ce dernier a succombé à un incendie en 2014, emportant avec lui une bonne partie de sa collection.

Diane Vincent Dubé, la directrice du musée et l’une des conseillères municipales pour la Municipalité d’Alexander, ne s’en souvient que trop bien. « On a eu l’appel que le musée brûlait. Immédiatement on est allé essayer de sauver ce qu’on pouvait. Le coffre de ma fourgonnette était ouvert et l’on rentrait dans les bâtiments pour sauver des documents et des artefacts, on les mettait dans la voiture », se rappelle-t-elle, sa voix teintée d’émotion.

L’incendie n’a toutefois pas étouffé le désir de partager l’histoire de la communauté. Avant même que les flammes soient éteintes, les démarches de reconstruction avaient été lancées. Il fallait déterminer comment sauvegarder les artefacts qui avaient survécu, et comment les nettoyer pour les remettre en exposition.

Dépasser l’incendie

Diane Vincent Dubé s’estime chanceuse d’appartenir à sa communauté. « On a eu des gens de différents musées du Manitoba qui sont venus nous aider, chacun avait sa propre expertise. La communauté aussi a été généreuse, c’est grâce à elle et à nos pompiers volontaires qu’on a d’abord pu éteindre l’incendie. Pour le nettoyage des artefacts, on avait des jeunes qui avaient travaillé au musée les dernières années avant l’incendie. Ils nous ont aidés. »

Depuis 2014, c’est ça le défi. « On a beaucoup travaillé pour sauver autant de choses que l’on pouvait. Une fois qu’on avait déterminé ce qui nous restait, il fallait commencer à reconstruire. »

Le nouveau musée ne se limite pas à Saint-Georges, ce qui est sans doute une force. « On voulait représenter plus de monde dans le musée, et son histoire sur un temps plus long. On a aussi eu beaucoup plus de dons d’artefacts et en argent puisqu’on représentait plus de monde », explique Diane Vincent Dubé, reconnaissante.

Certains artefacts de la collection exposée sont des survivants de l’incendie, comme une chaîne d’arpenteur, un coffre et de nombreuses photos. Il y a aussi plusieurs nouvelles additions, dont un mur de personnes importantes de la région. « Ce projet s’appelle gens de la rivière. On a aussi fait un livre. Ce sont des personnes qui ont été importantes dans la région, on voulait vraiment montrer cette diversité! »

Aujourd’hui, le musée se tient fièrement sur le bord de la rivière Winnipeg, avec de grandes fenêtres donnant sur l’eau. Dans le musée, la météo ne se fait pas sentir. Solide et neuf, il se prête tout de même bien au lieu. Recouvert de lattes de bois, il se fond dans la nature qui l’enveloppe.

En effet, autrefois, le village de Saint-Georges était uni par un traversier. Sans aucun doute, le plus grand artefact du musée est cette ancienne structure en bois qui a miraculeusement survécu à l’incendie.

« Je suis heureuse qu’on ait pu sauver le traversier, c’est vraiment une partie importante de notre histoire. C’était la seule façon de se rendre d’une rive à l’autre de Saint-Georges. Je me souviens des histoires de mon père qui transportait parfois ses vaches avec. Ce n’étaient pas des animaux très intelligents, elles l’ont presque fait chavirer quelques fois! », ajoute-t-elle en riant.

Un nouveau départ

Fière du nouveau musée et des efforts qui ont été entrepris pour le mettre sur pied, Diane Vincent Dubé en connaît tous les recoins. « Toutes les installations sont des travaux collaboratifs, que ce soit avec d’autres communautés, des donateurs ou autre. » Elle cite une aide de Réal Bérard dans la représentation des cartes de la région, et de Simone Hébert qui s’est occupée des traductions.

Le musée rassemble aussi plusieurs médias différents pour partager l’histoire. « On a les installations, mais on aura aussi des iPads pour plusieurs expositions. Il y a aussi des haut-parleurs qui peuvent faire des bruits d’animaux ou bien des sons de danses traditionnelles autochtones », explique-t-elle alors qu’un chant d’huard résonne au fond de la pièce.

Le musée sera, contrairement à son prédécesseur, ouvert toute l’année, pour accueillir plus de visiteurs.