L’enquête s’est ouverte en janvier 2023, lorsqu’un homme de 20 ans a déclaré à la police être victime d’extorsion. Ce dernier aurait partagé des photos intimes de lui avec un homme se faisant passer pour une jeune femme. À la réception des images, le suspect aurait menacé de rendre publiques ces photos, à moins que la victime ne lui envoie de l’argent.
L’enquête menée par l’Unité des crimes financiers de la police a finalement abouti à l’arrestation du suspect le 11 juin 2023.
Au cours des 12 derniers mois, le site de recensement des cas d’exploitation sexuelle d’enfants sur internet, cyberaide.ca, fait état de 3 400 signalements de cas et de tentatives d’extorsion.
D’après le communiqué de la police, la plupart des victimes sont des adolescents ou des jeunes adultes.
Un danger pour tous
L’on pourrait penser que cette tranche d’âge-là, particulièrement familière avec internet, serait moins susceptible d’être victime des nombreux dangers qu’il comporte. Mais Akim Laniel-Lanani, cofondateur et directeur des opérations à la Clinique de cyber-criminologie à Montréal, rappelle que les extorqueurs ne sont pas facilement identifiables.
« Ils (les criminels) passent d’abord beaucoup de temps à développer une relation de confiance. On va échanger des messages, puis des images intimes. Généralement, le seul signe avant-coureur que l’on peut observer, mais qui est souvent rendu trop tard, ce sont des refus d’échanger en direct. La personne va refuser d’allumer sa caméra. Et le partage des photos va être quasiment unilatéral. »
L’expert ajoute d’ailleurs que pour la création de leur faux profil, les fraudeurs utilisent souvent des images dérobées lors de l’envoi d’images intimes, ajoutant ainsi toujours plus de crédibilité à leur personnage de fraude.
« Les jeunes sont désensibilisés au partage d’images intimes, regrette Akim Laniel-Lanani. Peu importe notre âge, il ne faut jamais partager d’images intimes de soi-même à quiconque. Il ne faut pas donner tout ce pouvoir à une autre personne. On s’expose à de la sextorsion, mais aussi à plein d’autres problèmes. »
Si vous êtes victime, l’expert souligne qu’il ne faut pas avoir honte. Vous êtes, précisément, une victime. Il recommande aussi d’en parler rapidement à un proche ou une personne de confiance et de se rapprocher des ressources disponibles telles que cyberaide.ca ou la police.