Il part l’esprit léger avec le sentiment du devoir accompli.

La longévité de Michel Lagacé dans ce rôle de président est plutôt remarquable au regard des annales de la SHSB. Seul, Mgr Antoine d’Eschambault est resté plus longtemps que lui à ce poste, c’était entre 1933 et 1960. « L’Abbé d’Eschambault était à une époque, à ce qu’on me dit, où il n’y avait pas de réunion du conseil, c’était plutôt informel (rires) », lance Michel Lagacé.

Le désormais ex-président de la SHSB rappelle aussi que c’était une époque où il n’y avait pas de personnel. Alors qu’aujourd’hui, l’organisme créé en 1902 et situé au cœur du Centre du patrimoine compte un personnel de huit membres. Preuve, s’il en est, d’une des évolutions importantes de la SHSB.

Et pendant le mandat de Michel Lagacé, ça n’a pas été le seul changement. Pêle-mêle, celui qui est aussi éditorialiste pour notre journal liste quelques accomplissements importants. « Il y a 20 ans, on avait environ 120 000 $ en fonds de dotation, on est maintenant rendu à plus de 1,5 million $. Cela assure une certaine stabilité et indépendance financière pour l’avenir. »

Avoir plus d’archivistes

Pour information, la Société historique génère presque la moitié de ses revenus elle-même et dépend des gouvernements provincial et fédéral pour un peu plus de 50 % de ses revenus. « On fait aussi des collectes de fonds chaque année auprès des membres et du public. Tout ça peut aider », ajoute Michel Lagacé.

Une partie de cet argent sera notamment utilisée pour réduire l’arriéré de travail qui doit être fait pour traiter l’importante quantité d’archives que la SHSB a acquis depuis l’ouverture du Centre du patrimoine, qui fête cette année ses 25 ans d’existence. « Qu’on arrive à traiter ces archives, c’est vraiment quelque chose que j’aimerais voir. Quand il vous arrive 50 boîtes de papiers, ça ne se traite pas du jour au lendemain. Chaque année, on reçoit des documents. Maintenant, il y a tout cet arriérage qui a besoin d’être traité. S’il y a donc une chose que je souhaite, c’est d’avoir des archivistes en plus pour traiter ces documents. Ça serait essentiel pour rendre ces fichiers accessibles. »

L’un des axes stratégiques de Michel Lagacé était aussi de faire rayonner le Centre du patrimoine à l’extérieur de ses murs. « Je me suis notamment associé à l’Association des archives du Manitoba, on s’est présenté à des conseils municipaux et l’on a organisé des rencontres publiques. On a tenté de sensibiliser les conseillers. On les a invités au Centre du patrimoine pour qu’ils se rendent compte de comment fonctionne un centre d’archives et non pas un centre industriel où l’on vient déposer des boîtes », dit Michel Lagacé.

Il explique d’ailleurs avoir rencontré le nouveau maire de Winnipeg Scott Gillingham. Michel Lagacé le décrit comme « très sensible » à la question du patrimoine. « Il en a même parlé dans son programme de campagne. Et dans le premier budget qu’il a déposé, il avait prévu un 12,6 millions $ pour refaire la bibliothèque Carnegie, qui était la bibliothèque principale à Winnipeg. »

À l’avenir, Michel Lagacé, va prendre plus de temps pour lui et ses voyages personnels. Il ne restera cependant jamais loin des questions patrimoniales. « Ça dépendra de ce que va se passer à différents niveaux. J’ai déjà dit à mes collaborateurs que je resterai disponible pour travailler avec eux. Mais je ne serai plus à toutes les réunions, ni là pour les préparer ou en faire les suivis. »

L’importance des bénévoles

Dans son dernier Mot du président, Michel Lagacé note d’ailleurs l’un des défis principaux pour les organismes d’aujourd’hui : le recrutement de bénévoles pour siéger au CA. À ce sujet, Michel Lagacé avait déjà annoncé il y a deux ans son envie de quitter, mais aucune main ne s’était levée pour prendre ce rôle depuis tout ce temps.

Depuis, la SHSB a annoncé donner la présidence à Nicole St-Onge, qui était déjà membre du CA en tant que secrétaire. « Elle a une expérience au conseil, car elle est avec nous depuis un an et demi environ. C’est bien pour comprendre les enjeux et les défis. Passer du temps au conseil avant d’en prendre la présidence est toujours une bonne nouvelle », souligne Michel Lagacé.

L’ex-président va bien sûr continuer à suivre les actualités du CA. Selon lui, la meilleure manière d’être un bon conseiller, c’est l’implication. « C’est toujours la grande question : que faire quand on est membre d’un conseil? Si l’on se limite à simplement venir, ça n’aura pas d’impact. La meilleure manière de s’engager, selon moi, c’est de prendre du temps. Pour soi-même, si l’on s’attache à un projet ou à un comité, là, on peut vraiment faire quelque chose. »

Une passion pour toujours

À ce propos, Michelle Keller, la vice-présidente du CA de la SHSB, a eu un mot de remerciement pour Michel Lagacé, pendant cette réunion annuelle qui a rassemblé une quarantaine de personnes. Elle met justement en avant tout son travail. « Tu as donné beaucoup – facilement au-delà de 4 000 heures de travail bénévole ou l’équivalent de plus de deux ans à temps plein. La Société historique évoluera grâce aux jalons que tu as posés avec le personnel, les contractuels, les CA et d’autres bénévoles depuis 2002. »

Si son temps à la présidence de la SHSB s’achève, sa passion pour les archives, le patrimoine et l’histoire est loin de s’arrêter-là. Toujours autant intéressé, Michel Lagacé donne sa définition d’une bonne archive. « L’archive idéale est déjà très bien conservée! Puis, ça doit être un document qui nous permet d’identifier le qui, quoi, quand. La date est très importante, par exemple. »

Le spécialiste rappelle aussi qu’on a tous chez soi une ou des archives exceptionnelles. Il faut simplement les proposer et les présenter à des professionnels. « Avec l’aide d’une cousine, j’ai retrouvé la correspondance de ma tante dans les années 1950-1960 qui écrivait à sa plus vieille fille. C’est fort intéressant pour avoir l’attitude et les pratiques de l’époque. Ça fait plus de 20 ans que je le répète à chaque réunion publique : si vous avez des archives, venez nous voir pour en parler. N’allez pas prétendre que parce que vous êtes monsieur et madame Tout–le–monde, que ce n’est pas important. Au contraire, ces témoignages peuvent en refléter l’époque. Ce que vous avez chez vous risque d’être unique! »