Comme plusieurs autres termes chrétiens, la réconciliation a pris un sens laïc. Son utilisation courante est dorénavant restreinte aux rapports entre humains, sans obligation envers Dieu. Comme par exemple la réconciliation avec les peuples autochtones, qui passe à la fois par une réconciliation avec l’autre, qui a été persécuté et lésé, et avec soi-même, de manière à retrouver en soi et en l’autre cette même nature humaine qui nous définit.

Il est aussi question, et de manière pressante, de notre réconciliation avec la Nature. Là il s’agit à la fois de réconcilier notre nature humaine avec elle-même et avec la Nature dans laquelle elle s’affirme. Il nous faut donc d’abord et avant tout comprendre que notre nature humaine fait partie de la Nature, qu’elle en est une expression. Une double réconciliation s’avère donc nécessaire afin de parvenir à une diminution des agressions envers l’autre (humain et naturel).

Pour réussir cette double réconciliation, il faut d’une part comprendre lucidement ce que contient notre nature humaine, et d’autre part comprendre son rôle dans la Nature. La nature humaine est liberté, et c’est pourquoi elle ne finira jamais de nous étonner.

L’être humain étant libre, sa nature s’affirme nécessairement par des contradictions, des reculs, des refus,

mais aussi par des solutions intelligentes et des progrès décisifs. Il s’ensuit que pour réconcilier notre nature humaine nous devons passer par le dialogue. Des humains qui discutent ouvertement et véritablement entre eux affirment leur besoin de se réconcilier avec leur nature humaine.

Certes on ne peut s’attendre au consensus universel chez des êtres libres, et d’ailleurs aucun groupe humain n’a le monopole de la vérité. Cependant, il faut toujours espérer que les humains, en conscience de leur liberté, restent décidés à communiquer entre eux.

La reconfiguration de notre environnement est une conséquence directe de notre liberté. L’humain doit, d’abord, se libérer des rigueurs naturelles pour, ensuite, adapter la Nature à ses choix. On ne saurait attendre des êtres libres qu’ils cessent de modifier leur environnement. Mais on est en droit d’espérer que leurs modifications ne provoquent pas des dommages irréversibles.

Le rôle de la nature humaine dans la Nature est d’affirmer cette pleine liberté. Entrer en communication avec l’autre (humain et naturel) exige d’écouter cet autre pour l’inclure dans la réalisation de cette liberté, en elle- même lourde de conséquences.

Force est de remarquer que le terme « réconciliation » semble encore nécessairement porter un sens chrétien. Peu importe, puisque son message est aussi valable pour le monde laïc. Sauver l’environnement, ce n’est pas le sauver de notre action, c’est plutôt le préserver de l’incompréhension de notre propre nature.