Depuis l’adoption du projet de loi C-18, devenu la Loi sur les nouvelles en ligne, chaque semaine connaît son lot de réactions et d’échanges entre le gouvernement fédéral et les géants du web.

Cette fois-ci, le gouvernement fédéral agite la sanction financière. « On a décidé de prendre les mesures nécessaires pour suspendre toutes les publicités du gouvernement du Canada sur Facebook. On ne peut pas continuer de verser des fonds publicitaires à Meta alors qu’ils refusent de payer leur juste part pour le travail des médias canadiens », explique Pablo Rodriguez, ministre du Patrimoine canadien.

Le ministre a par ailleurs évalué pendant une conférence de presse à 10 millions $ annuellement la valeur des achats de publicités gouvernementales sur ces réseaux sociaux.

Un peu plus tôt dans la journée, Québecor, notamment propriétaire du réseau d’information TVA, avait fait la même annonce et retirait tous ses investissements publicitaires « jusqu’à nouvel ordre ».

Le gouvernement du Québec réplique aussi

Sylvain Poisson est le directeur général d’Hebdos Québec. Selon lui, il était temps de réagir aux menaces de Google et Meta. « Il fallait envoyer un signal fort aux géants du web en leur montrant que le Canada ne pliera pas l’échine. On est dans cette lutte avec les médias, et en ce qui me concerne, il n’est pas question de céder. »

Le directeur général d’Hebdos Québec pense que cette suspension financière est une bonne chose et espère aussi voir les gouvernements provinciaux et autres institutions emboîter le pas. « Ils (Google et Meta) contrôlent les algorithmes et ont une mainmise technologique sur les contenus. Cela crée des revenus dont ils s’accaparent en large majorité. C’est donc une manière de réagir. »

« En solidarité avec les médias », le gouvernement du Québec, par l’intermédiaire de son Premier ministre François Legault, a aussi décidé « de cesser toute publicité du gouvernement sur Facebook ».

Pour la suite, les prochaines étapes restent difficiles à déterminer. Est-ce que cette action du fédéral va ramener les géants du web à la table des négociations?

« C’est compliqué à prévoir. Très honnêtement, jusqu’ici, Meta a particulièrement été sans compromis. Lors des contributions, même dans le Comité sénatorial ou ailleurs, ils ont été, j’ose le dire, très condescendants à notre égard. Avec Google, même dans une position un peu similaire, j’ai l’impression qu’ils tendent un peu plus l’oreille. Ils n’ont pas coupé les ponts », souligne Sylvain Poisson.