Amber O’Reilly s’est déjà démarquée dans de nombreuses disciplines artistiques, écrites, visuelles et audio. C’est en 2018 qu’elle a été attirée par la scène de théâtre. Avec le Théâtre Cercle Molière (TCM), elle a participé à un marathon de création d’œuvres théâtrales.

Pour elle, cet art bande son arc d’une corde de plus. « Je suis poète, artiste de spoken word, autrice de théâtre et je fais un peu de scénarisation et recherche pour l’audiovisuel. »

Équipée de son flair artistique, elle s’est davantage engagée dans le théâtre. « Après le marathon de création, le TCM m’a appuyée pour que je participe à plusieurs ateliers d’écriture et de développement professionnel. »

Une première pièce

Annie et Tom du lundi au vendredi est le résultat de ces efforts créatifs. « Je me suis fait les dents dans le théâtre avec cette pièce, ça a été un projet très formateur pour moi. »

L’écriture de la pièce a commencé en août 2018. Depuis, elle a bien vieilli. « La pièce n’a pas beaucoup changé dans ses thématiques, la plus grande influence a été dans le jeu des comédiens et la mise en scène. En voyant jouer la pièce, les personnages ont commencé à prendre forme et j’ai laissé ça se manifester dans l’écriture du livre aussi.

« L’aspect collaboratif de la mise en scène a été très nouveau pour moi, j’ai été heureuse de la vie que ça a donné à la pièce », poursuit-elle.

Un sujet d’actualité

La pièce met en scène une relation de couple, un téléphone intelligent et quelques personnages secondaires. Cinq actes se déroulent pendant une semaine de cinq jours, chacun représentant un nouveau défi de la monotonie imposée aux travailleurs modernes par le capitalisme.

« Je me suis vraiment intéressée aux thèmes du capitalisme. C’est un système dans lequel on est forcé d’habiter, mais qui ne me convient pas et ne convient pas à d’autres personnes aussi.

Les personnages rêvent à voix haute et semblent pourtant si éloignés de leurs rêves. »

Tissé dans ce thème capitaliste, le personnage du téléphone intelligent provoque un questionnement sur la place de l’intelligence artificielle. « C’est drôle, c’est un thème qui en 2018 était intéressant, mais pas aussi actuel qu’il ne l’est maintenant », dit-elle, référant aux nombreux logiciels d’intelligence artificielle prenant aujourd’hui plus de place dans les milieux scolaires, professionnels et même personnels.

« Je n’offre pas de réponse dans ma pièce, c’est difficile de donner une réponse qui fait face au capitalisme. Je veux ouvrir un dialogue, amener les gens à réfléchir sur le sujet. C’est comme ça qu’on peut améliorer les choses. »

Éprise de théâtre, Amber O’Reilly ne compte pas s’en tenir là. « J’ai vraiment aimé le théâtre et je me suis déjà lancée dans l’écriture de trois nouvelles œuvres. »

C’est dans le cadre d’ateliers d’écriture qu’elle a fait ceci. « C’est parfois plus facile d’écrire si l’on sort de sa vie de tous les jours, même si c’est pour écrire sur le quotidien comme dans Annie et Tom du lundi au vendredi! », ajoute-t- elle avec humour.

Ses nouvelles pièces suivront sans doute la même veine que sa première. S’intéressant à des enjeux qui touchent les individus, mais qui s’inscrivent aussi dans une collectivité plus large.

« L’aspect collaboratif de la mise en scène a été très nouveau pour moi, j’ai été heureuse de la vie que ça a donné à la pièce. »

Amber O’Reilly

Des œuvres futures

« J’ai trois textes en cours, l’un d’entre eux s’intéresse à la question de la non-maternité choisie, un autre à l’émancipation de son cadre familial et la dernière au regard masculin intériorisé. »

Quant à la forme que prendront ces écrits, Amber O’Reilly s’identifie difficilement à un seul endroit. « Je passe mon temps un peu partout au Canada pour des évènements et des ateliers. » Même à des moments plus statiques, elle fait la navette entre Yellowknife et Winnipeg.

Ce mouvement continu se fait sentir dans la langue qu’elle pose sur le papier. « Au fond, je suis Franco-Canadienne, et je pense que dans mon texte on sent que la voix des personnages peut être entendue selon les origines ou souhaits du lecteur. »

Avec une voix au fond à la fois humaine et francophone, le rideau ne tombera pas de sitôt sur Annie et Tom du lundi au vendredi. L’autrice espère que sa pièce aura aussi une place dans des contextes autres que la scène de théâtre. « Présentement, je suis en train de préparer un kit pédagogique pour une diffusion de mon texte auprès d’un plus grand nombre de personnes. »