Très jeune, Patrick LeMadec observait son père Roger faire de la sculpture. Mais lui, il en avait décidé autrement. Le jeune garçon n’avait pas encore rejoint les bancs de l’école qu’il choisissait déjà son art : le dessin et la peinture.

Depuis, il n’a pas lâché les pinceaux d’un pouce, et les murs du studio de la Maison des artistes visuels francophones se sont avérés trop restreints pour porter ses toiles. En plus des 23 tableaux accrochés, 12 autres peintures à l’aquarelle et l’huile soluble à l’eau, contenues dans une petite pièce à côté, attendent leur tour pour être exposées.

Les univers de Patrick LeMadec sont multiples et ses peintures reproduisent autant des paysages que des scènes de vie, des villes chaleureuses que des forêts enneigées, des personnes à l’ouvrage que des amis en détente, des animaux dans la nature que des fleurs dans toute leur diversité… C’est à croire que plusieurs peintres habitent le même personnage!

Talent

Patrick LeMadec n’en fait pas une grande science. Et ce n’est pas de la fausse modestie. Il en parle avec des mots tout simples, des mots de tous les jours, un peu comme sa peinture : « J’aime ça, dessiner toutes sortes d’affaires. »

Son ami et voisin de chalet au lac Winnipeg, Jean-Pierre Parenty, ne manque pas d’ailleurs de relever la particularité de son talent : « Je connais des peintres, mais chacun dans son domaine. Patrick touche à tout. Il peut te reproduire n’importe quelle image ». Jean-Pierre Parenty achetait il y a trois années de cela un tableau reproduisant une scène de marché en Indonésie. Depuis, il ne pense qu’à voyager dans ce pays asiatique.

Inspiration

Les voyages que l’artiste fait avec son épouse Suzanne LeMadec l’inspirent beaucoup, en effet. En témoigne l’incroyable peinture d’une vieille femme au repos dans un village en Algarve, au sud du Portugal, ou celle d’un groupe de vieux messieurs assis sur un banc à Malte. Cela peut paraître tout banal, mais il faut les voir pour le croire. Suzanne LeMadec a fini par dévoiler sur son téléphone la photo originale de la vieille dame, prise en Algarve. La peinture, nommée La visite, est encore plus vivante que la photo originale. C’est le cas aussi du portrait d’un artisan en Italie faisant du batik.

Mais il y a un tableau qui a particulièrement émerveillé. Beaucoup de visiteurs étaient malheureux de découvrir qu’il était déjà vendu, à peine quelques minutes après l’ouverture de l’exposition. Guerre de vie et d’amour est un visage sur lequel on peut lire les vicissitudes de la vie, comme la joie et les bonheurs d’un moment. C’est est aussi une main portée pudiquement au visage et ornée d’un anneau en bronze au doigt, témoin d’un amour qui résiste encore au passage du temps. Guerre de vie et d’amour a été cédé à 500 $ au plus chanceux de l’exposition.

Suzanne LeMadec
Suzanne LeMadec, épouse de l’artiste Patrick LeMadec. (photo : Mehdi Mehenni)

Souvenirs d’enfance

Daniel Boissonnault, un visiteur et ami des LeMadec, n’a pas souhaité vivre la même déception deux fois. Il a vite jeté son dévolu sur un petit tableau assez original. Il le décrit avec ses propres mots : « C’est un vieil édifice avec de la vie encore dedans. Cet engin qu’on aperçoit à peine derrière les trois poules m’intrigue. Je n’arrive pas à le définir et, en même temps, le tout me fait rappeler mon enfance dans le rural. »

Depuis 2009, Patrick LeMadec est à la retraite avec avoir tenu la Boutique du Livre

à Saint-Boniface et travaillé comme conseiller d’orientation scolaire. Il peint environ 15 tableaux par an. Suzanne LeMadec, même si elle avoue que leur maison ne suffit plus à contenir ses œuvres, ne s’en plaint pas. Peut-être juste un peu lorsque le salon est entièrement occupé par l’artiste, ses toiles, ses pinceaux et ses couleurs, deux fois par semaine, de 9 h jusqu’à 16 h passées. « Parfois, il oublie même de manger. Mais il y a 40 ans, lorsqu’on s’était rencontrés il avait fait connaître ses exigences. Il lui faut son temps à lui, son espace… », confie-t-elle.

Suzanne LeMadec n’avait pas été trompée. Patrick LeMadec a même besoin de beaucoup d’espace. La preuve est que les visiteurs ont fini par s’introduire dans la petite pièce, initialement non réservée à l’exposition, après avoir flairé quelques œuvres cachées. Le couple ne sera pas surpris de voir se vendre la trentaine de tableaux avant même la fin de l’exposition, prévue pour le 28 juillet.