Eya Ben Nejm – Francopresse

Des spécialistes de l’ingénierie, de la conservation, de l’architecture et de l’environnement ont été mobilisés pour travailler sur ce qui est qualifié du plus grand chantier de restauration entrepris au Canada.

Les changements prévus à l’édifice du Centre permettront de « réduire les gaz à effet de serre de 93 % comparativement au bâtiment préexistant », déclare Martin Sing, chef d’équipe chargé du développement durable et des questions énergétiques au sein de Centrus, l’équipe d’experts-conseils responsable des travaux de réhabilitation.

« Plein de choses vont changer dans l’édifice, mais ce qui va rester pareil, c’est le côté patrimonial. On essaye de faire le minimum d’interventions, de garder les choses telles quelles, toutes les façades », insiste Asha Boucher, directrice du projet pour Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC).

Protection sismique

L’édifice du Centre sera notamment surélevé et mis sur des isolateurs de base qui lui permettront de résister à d’éventuelles secousses sismiques.

Expositions et théâtre multimédia

Bonne nouvelle pour les touristes et les personnes intéressées par la politique canadienne ou l’architecture : l’édifice du Centre aura « la capacité d’accueillir deux fois plus de visiteurs », promet la gestionnaire des services aux visiteurs à la Bibliothèque du Parlement, Kali Prostebby.

Le centre des visiteurs occupera deux étages. Son étendue permettra de relier l’édifice du Centre à ceux de l’Ouest et de l’Est.

« Onva inclure des espaces de programmation pour le grand public, des espaces d’exposition, un théâtre multimédia, des salles de classe pour des programmes éducatifs offerts sur place », décrit-elle.

Un toit en verre recouvrira les cours intérieures, ce qui permettra de tirer parti d’espaces inutilisés auparavant.

Les sièges, les toilettes et les moyens technologiques seront adaptés pour les personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap.

Le quatrième étage accueillera les rencontres informelles et une salle sera dédiée aux traditions autochtones, comme les cérémonies de purification.

« On a aussi des prières d’accueil. Donc, si un parlementaire reçoit un invité ou un membre du public, ils peuvent aller faire la prière ensemble avant de comparaitre en comité. C’est vraiment un endroit qu’on peut utiliser à cette fin », explique Josée Labelle, conseillère principale, planification et projets d’aménagement des locaux au Sénat.

Technologie de pointe

Les deux antichambres qui encadrent la Chambre des communes – une pour les membres du gouvernement et une pour les membres des partis d’opposition – seront agrandies pour donner plus d’espace de travail aux parlementaires.

De nouveaux fauteuils seront installés dans la Chambre des communes pour accueillir davantage de députés.

En revanche, aucun nouveau fauteuil ne sera ajouté dans la Chambre du Sénat, mais l’espace réservé au public y sera élargi. La salle adoptera aussi une technologie de pointe. « On va équiper la Chambre du Sénat avec de la télédiffusion, et ça, c’est un gros changement », se réjouit Asha Boucher.

Seulement, « côté patrimoine, le plafond est très spécifique. On ne veut pas nuire aux autres éléments patrimoniaux et décoratifs de la pièce, mais on veut faire sûr que la technologie pourrait être capable de faire de la radiodiffusion. C’est vraiment là l’enjeu », ajoute-t-elle.

Conserver le patrimoine

Tous les éléments retirés sont gardés, protégés et numérotés pour qu’il soit possible « de tout remettre exactement là où on l’a trouvé », assure Asha Boucher.

« Quand les gens vont rentrer dans l’édifice, ils vont se retrouver parce qu’il y a plein de choses qui vont avoir l’air d’être pareilles, mais l’édifice tel quel va être amélioré », précise-t-elle.

Les plafonds en toile de lin dans la Chambre des communes ont été retirés temporairement pour les travaux. Il a fallu procéder avec prudence, informe le chef de l’équipe spécialisée en patrimoine de Centrus, Pascal Létourneau.

« Le tissu, avec le temps, devient fragile, surtout avec les couches de peinture. Il acquiert une rigidité. […] Tout ça est enlevé très délicatement et entreposé pour une restauration future. »

La poussière des éléments décoratifs de tout l’édifice du Centre sera nettoyée pour leur redonner leur apparence d’origine, complète-t-il.

Le plafond peint à la feuille d’or du Sénat ne sera toutefois pas retiré. Puisqu’il est en assez bon état, il sera seulement nettoyé. De toute façon, « tout ça est vraiment très solidement ancré à la structure du plancher », confie Pascal Létourneau.

Un travail de reconstitution

Les sculptures de l’édifice du Centre ont été analysées pour déterminer celles qui avaient besoin d’être restaurées. Les œuvres qui se sont détériorées ou brisées au fil du temps sont soumises à de minutieux travaux de restauration.

La restauration d’une sculpture peut prendre entre une journée et quatre mois, selon la somme de détails, indique le sculpteur du Dominion du Canada, John-Philippe Smith.

Un laser est employé pour nettoyer les sculptures et les murs noircis au fil du temps. Dans le cas où cette technique ne fonctionne pas, les professionnels reviennent à la méthode traditionnelle : celle du chiffon et de l’eau.