Il y a maintenant 40 ans, le 23 juillet 1983, le vol Air Canada numéro 143 s’envole depuis l’île de Montréal au Québec pour rallier Edmonton en Alberta. L’avion est âgé d’à peine quelques mois, c’est un Boeing 767-200 flambant neuf. À son bord, 61 passagers et huit membres d’équipage.
Après 20 minutes de vol, alors que l’appareil survole Red Lake, à une altitude de 41 000 pieds, une alarme retentit dans le cockpit. La pression dans la pompe à carburant du moteur gauche de l’avion est basse, les pilotes, le capitaine Bob Pearson et son co-pilote Maurice Quintal, pensent qu’il s’agit d’un mauvais fonctionnement de la part des capteurs, ils éteignent l’alarme.
À ce moment-là, l’ordinateur de gestion de vol (OGV) indique clairement qu’il y a suffisamment de carburant, mais lorsque l’alarme de la pompe droite se met elle aussi en marche, les pilotes décident de dérouter le Boeing vers Winnipeg à 190 kilomètres de là.
À partir de là les choses s’enchaînent rapidement et bientôt, les deux moteurs de l’avion tombent en panne. 32 kilomètres plus proche que l’aéroport de Winnipeg, une vieille base aérienne de l’armée de l’air désaffectée, celle de Gimli. Le capitaine Bob Pearson cumule, au moment des faits, plus de 15 000 heures de vol et est, par chance, un pilote de planeur expérimenté.
Afin de perdre de l’altitude et de la vitesse, le commandant de bord exécute un glissé latéral. Sur la piste d’atterrissage improvisée, devenue une piste de course de voiture, l’avion finit sa course à une cinquantaine de mètres d’un groupe d’enfants à bicyclette.
« Le programme utilisé s’appelle Xplane11, c’est un logiciel que certaines écoles d’aviation utilisent. C’est assez facile d’utilisation, mais le manche est très sensible. Il faut s’y habituer. »
Emery Gal
Bilan : aucun blessé
Mieux, l’avion sera remis en état de voler en deux jours, sur place, à Gimli, puis envoyé à Winnipeg pour des réparations complètes et volera jusqu’en 2008. Les pilotes eux se verront attribuer le tout premier
diplôme de la Fédération aéronautique internationale pour l’excellence en pilotage aérien. L’incident du planeur de Gimli inspirera un téléfilm en 1995 intitulé Falling from the sky : Flight 174 et National Geographic y consacrera un épisode dans sa série Mayday en 2008.
Le Gimli Glider Exhibit, ouvert toute l’année, propose de revenir en détail sur le fameux incident que les habitants de la petite ville viking ne sont pas prêt d’oublier. Le petit local situé au numéro 10, sous les arcades de Centre Street, rassemble un total de huit artéfacts, les plus impressionnants étant la partie supérieure de l’empennage arrière, ou encore un morceau entier de la carlingue, intact. C’est la présidente de l’exposition Barbara Gluck qui, « avec beaucoup d’aide », a rassemblé toutes ses pièces dans ce petit musée.
« Je n’ai jamais compris pourquoi il n’y avait pas de musée dédié à cette incroyable histoire. » L’exposition a officiellement ouvert ses portes en juillet 2017.
En plus des nombreux panneaux explicatifs qui accompagnent les pièces exposées et décors les murs, les visiteurs ont aussi la possibilité de s’assoir dans ce qui s’apparente à une petite salle de cinéma pour y visionner les témoignages du pilote, mais aussi des membres d’équipage et des passagers. Par respect pour le thème, les sièges sont ceux d’un Boeing.
Et ce vendredi 21 juillet, presque tous les sièges étaient remplis. Le flux de visiteurs est resté ininterrompu, des gens de tous les âges, des couples, des familles avec enfants. Gwen Harp, la secrétaire-trésorière l’assure : « D’habitude, nous tournons en moyenne autour des 12 ou 15 visiteurs par jour. Maintenant, il arrive que nous accueillions une centaine de personnes. »
Des visiteurs toujours aussi intéressés
Selon elle, la communication autour du quarantième anniversaire de l’incident y est pour beaucoup.
Car même si tous prennent le temps de faire la visite, la pièce maîtresse de cette exposition, c’est le simulateur de vol. Dans une réplique de cockpit de Boeing 767, les visiteurs peuvent à leur tour tenter de poser l’avion dans les mêmes circonstances que celles de 1983. Emery Gal, bénévole, est là pour faire fonctionner le simulateur et prodiguer des conseils à ceux qui tentent leur chance.
« Le programme utilisé s’appelle Xplane11, c’est un logiciel que certaines écoles d’aviation utilisent. C’est assez facile d’utilisation, mais le manche est très sensible. Il faut s’y habituer. »
Les jours d’affluence, Emery Gal joue le copilote pour environ trente personnes. Il note que « souvent, les enfants s’en sortent le mieux. » La Liberté, malgré ses 110 ans, est parvenue à poser l’avion sans même transpirer.
L’anniversaire de l’atterrissage a été célébré ce dimanche 23 juillet en la présence notamment du capitaine Bob Pearson lui-même à l’occasion de festivités qui se sont tenues au Motorsports Park de Gimli, là où le vol 143 se posait quarante ans plus tôt.